Un homme loyal

Loyal Ledford n’a pas eu une existence facile. À 13 ans, il perd ses parents et doit travailler à la verrerie Mann qui employait son père avant sa mort. Il poursuit dans le même temps des études à l’université et rencontre à l’usine Rachel Mann, celle qui deviendra sa femme. Glenn Taylor relate l’histoire d’un homme singulier, en raison de son caractère mais aussi de la vie qu’il a décidé de mener. Nous sommes en décembre 1941 : le président Roosevelt déclare l’entrée en guerre des États-Unis. Loyal est un patriote. Il s’engage. La guerre le transforme. Comment reprendre une vie normale après avoir expérimenté l’horreur, la mort, le sang et les cauchemars ? Et la peur. Poisseuse. Don Stables, ancien ecclésiastique et philosophe, l’y aidera. Loyal Ledford ne veut pas abandonner, il veut se battre pour retrouver la paix et construire avec ceux qu’il aime une vie où chacun aura sa place. Comme lui dira Don Stables : « Je sais que c’est lié au fait de conserver coûte que coûte les valeurs que tu défends, et si tu peux par-dessus le marché, faire un peu de musique et avoir quelques amis. Construire quelques chose… Il faut que tu fasses ce que tu sens être bien… Et je dis bien par rapport à ta famille, pas pour toi tout seul. Et ta famille, en fin de compte, c’est tout le monde. » Les personnages que crée Glenn Taylor peuvent paraître caricaturaux mais son génie leur donne vie ; en quelques instants ils nous emportent. On voudrait passer du temps à leurs côtés, on est habité par leurs propres émotions. Le traducteur est trop souvent laissé dans l’ombre. Brice Matthieussent, puisque c’est ici de lui qu’il s’agit, montre un formidable talent à restituer la puissance d’une prose et d’un style. Les deux romans de Glenn Taylor témoignent d’une rare puissance. Il construit à n’en point douter une œuvre majeure.