Littérature étrangère

Victor Català

Solitude

photo libraire

Chronique de Isabelle Leclerc

Librairie L'Imagigraphe (Paris)

Après avoir été publié en feuilleton, ce roman, écrit par une femme sous pseudonyme, a été édité en 1905 et a révolutionné la littérature catalane. Une lecture dense et passionnante.

Mila, jeune femme sensible et naïve, épouse Matias. Tous deux doivent exploiter un ermitage dans les hauteurs des Pyrénées catalanes. Très vite, la jeune femme perd ses illusions. Elle découvre que son mari est un bon à rien, mais se prend en main pour affronter une vie rude et solitaire. L’amitié avec un berger et un enfant vont lui permettre, dans un premier temps, de supporter son isolement et de découvrir les beautés de cette montagne. L’aversion envers son mari grandit progressivement, tandis que la nature magnifique et indomptée éveille sa sensualité. Au fantasme succède la lucidité. Et comme dans les légendes que lui raconte le berger, l’amour entre un homme et une femme lui semble inaccessible. Solitude est un roman introspectif. Mila ressent le contraste violent entre une nature superbe, forte, habitée, et la médiocrité des êtres qui l’entourent. L’élévation de cette montagne contre la bassesse des actes des villageois. Seuls le berger, proche de la nature et fidèle à ses amours, et l’enfant innocent, échappent à la règle. Un roman sur la perte des illusions et la force du désir, mais aussi sur le refus de la fatalité. Il faudra à Mila la perte de la figure protectrice du berger pour aller vers une solitude assumée.

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