Plus noir que noir

Stephen King est un grand raconteur d'histoires. S'il admet lui-même qu'il est prolifique, « ce qui plaît aux fidèles lecteurs de [son] travail et déplaît parfois aux critiques », il écrit toujours avec sincérité. Partager ses contes sombres le rend heureux et ce plaisir est communicatif, pour qui aime frissonner au lit derrière un bon bouquin. Car avant tout, King aime ses personnages. Qu'on les suive sur un long roman ou, comme ici, sur quelques dizaines de pages, l'auteur a l'art de les rendre vivants, complexes, attachants et c'est parfois à regret qu'on doit les quitter trop vite. Quant à la noirceur de ses histoires, il avoue la puiser dans le monde « tel qu'il est réellement », dans cette vérité qui est souvent bien laide à ses yeux. Qui connaît la géographie imaginaire de l'auteur ne sera pas dépaysé : ses nouvelles se déroulent souvent près de Derry ou de Castle Rock dans le Maine, et deux d'entre elles en Floride, à deux pas de Duma Key. King s'amuse aussi à faire revenir des personnages, comme le héros de la longue nouvelle « Serpents à sonnette », qui apparaissait dans son premier roman Cujo. Les nouvelles qui composent ce recueil sont presque toutes inédites. Certaines sont marquées par la période du Covid. Quant à « L'homme aux réponses », c'est un texte qu'il avait commencé il y a plus de trente ans ! Qu'elles ne fassent que quelques pages ou plus de 150 (« Le mauvais rêve de Danny Coughlin »), ces histoires sombres ou horrifiques sont toutes captivantes et l'ouvrage peut être une porte d'entrée dans l'univers de King, pour celui ou celle qui ne l'aurait encore jamais lu. Alors jouez à vous faire peur et plongez-vous avec délice dans ces récits plus noirs que noir.