Polar

Benoît Philippon

Papi Mariole

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Chronique de Céline Dereims

Librairie Les yeux qui pétillent (Valenciennes)

Après Mamie Luger, Benoît Philippon récidive avec brio dans une nouvelle comédie policière et sociale. L’auteur confirme sa capacité à nous faire rire autant qu’à nous émouvoir.

Faire rire en littérature est un exercice aussi complexe qu’au cinéma, et maintenir le rythme pendant 360 pages relève de l’exploit. Encore une fois, Benoît Philippon remplit son pari pour le plus grand bonheur de son lecteur. Il n’est nullement question de plagier Mamie Luger ou d’en faire un remake : avec Papi Mariole, l’auteur livre une véritable fresque sociale pleine d’humour, de rebondissements et de personnages attachants. Mariole n’a plus toute sa tête. Mais il se souvient qu’avant, il était tueur à gages et qu’il n’est pas allé au bout de son dernier contrat. Alors, pour ne pas trahir sa réputation, il décide de reprendre du service pour dézinguer sa dernière cible. Oui mais voilà, avec l’âge, la mémoire flanche et il ne se souvient plus de qui il doit tuer. Qu’à cela ne tienne, après s’être évadé de son Ehpad, il mènera l’enquête et ira au bout de sa mission. Alzheimer n’est pas le seul obstacle qu’il devra surmonter. D’abord récupérer Madame Chonchon, glisser dans sa poche un carnet qui lui servira de mémoire et tracer la route à la recherche de sa cible. Il rencontre Mathilde, une jeune femme anéantie, victime de revenge porn, qu’il va prendre sous son aile et former pour qu’elle puisse se venger. À force de l’aider, il en oublie parfois sa propre mission et son âge l’inquiète : il ne lui reste pas beaucoup de temps pour tuer ce gus oublié. Arriveront-ils l’un et l’autre au bout de leur projet ?  Grâce à ce duo étonnant, Benoît Philippon nous dresse le portrait d’une très belle amitié intergénérationnelle. L’humour est grinçant, le propos sur le vieillissement très juste et abordé avec délicatesse. Un roman engagé qui dénonce également la violence subie par les femmes dans notre société. Comme le dirait Papi Mariole : « Accrochez-vous à vos bretelles, ça va valser. »