Littérature française

Pascal Quignard

Mourir de penser

OR

✒ Olivier Renault

(Librairie La Petite lumière, Paris)

Spontanément, on pourrait croire que l’acte de penser relève d’une activité proche de la contemplation, abstraite, détachée de notre corps. Détrompez-vous. Le mot grec nous (esprit) provient du mot noos, qui n’est autre que le flair. C’est Argos, le chien d’Ulysse, qui, vingt ans plus tard, le reconnaît en le « pensant ». « Alors il faut penser en sentant ». À partir d’Argos et de Rachord, le roi des Frisons, Pascal Quignard nous convie à un étonnant voyage en compagnie de Spinoza, Poincaré, Héraclite, Socrate, Winnicott et le fabuleux Apulée, à l’intérieur de cette notion, ou plutôt de cette activité si familière et pourtant si étrange de penser. Penser est une activité physique en un triptyque : elle est joyeuse (la lucidité), voluptueuse (sexuelle et se projetant hors d’elle-même), extatique en ce qu’elle peut rompre avec tout, avec le réel notamment. La clé, c’est le mouvement. Entre autre celui du retour. Le lecteur trouvera d’ailleurs à la fin du volume une réinterprétation dynamique du cogito cartésien.

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