Momo

C’est le début des grandes vacances et Mohamed (« Momo » pour à peu près tout le monde) s’ennuie ferme à la cité des Bleuets ‒ où il n’en a d’ailleurs jamais vu, de bleuets. En plus de s’ennuyer, Momo s’inquiète quand, un jour, les jumeaux débarquent dans son petit coin tranquille vers la butte pour le prévenir que la directrice de l’école vient d’arriver chez eux ! Mais il ne s’inquiète pas longtemps puisque c’est bien pour plaider sa cause auprès de ses parents qu’elle est venue. Pour les convaincre que Momo devrait faire de belles études. Elle en profite pour lui confier une liste de livres à lire pendant cet été, le dernier avant le collège. Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Bien sûr ! Le roman de Yaël Hassan, qui n’a pas pris une ride malgré ses 25 ans ! Marc Lizano nous en livre une version à la fois fidèle et mise au goût du jour (le jeune Momo de 1998 n’aurait pas pu lire Chien pourri ni même La Rivière à l’envers n’est-ce pas ?). Son dessin est mis au service de la sensibilité des relations entre les personnages, de l’intensité de l’amour de la lecture, de la découverte du pouvoir de l’amitié et de l’affirmation de ses différences. Il nous permet de mettre des visages (et de très grosses têtes, comme il en a l’habitude !) sur Momo mais aussi sur Monsieur Édouard (vous savez, l’instituteur à la retraite atteint de la maladie d’Alzheimer) et Souad, du bibliobus. Soulignons enfin le rythme plein de vie donné à l’album, grâce à la structure moins régulière de certains passages, des couleurs savamment utilisées et des pleines pages dans lesquelles s’immerger (mention spéciale au dessin de Monsieur Édouard en chef de bande de graffeurs !) Bien sûr, Saint Exupéry y est largement mis à l’honneur et Momo, après Monsieur Édouard, pourrait bien être un bel ambassadeur du Petit Prince auprès des jeunes lecteurs pour ses 80 ans !