Essais

Anthony Sattin

Les Nomades

ET

✒ Elsa Trobs

(Librairie scop Le Temps d'un livre, Pontarlier)

En résonance avec les aspirations contemporaines du « prendre la route » en van, à vélo ou à pied, seul ou en famille, Anthony Sattin nous fait découvrir les vertus du nomadisme à travers l’histoire des peuples dont c’était le mode de vie.

Passionné de voyages, auteur de deux autres livres traduits en français et de guides touristiques, et journaliste, Anthony Sattin nous propose de découvrir son nouveau « recueil », Les Nomades, Ces peuples en mouvement qui ont forgé nos civilisations. Fruit « de nombreuses années de recherches et d’entretiens », l’auteur y partage ainsi son engouement pour ces peuples, avec un foisonnement de détails. Comme boussole, Anthony Sattin nous offre des pistes de lecture : la première proposition tient à l’idée que le nomadisme pourrait être un moyen d’enrayer la crise écologique que nous traversons. Ce qui a été largement considéré comme un manque, l’absence de biens, qui a caractérisé tous les peuples nomades et qui les a souvent mis au banc de la civilisation, ne pourrait-il pas servir de modèles aujourd’hui ? La seconde proposition de l’auteur, c’est d’aller à la découverte de ces peuples nomades dont il a été trop peu question dans les livres d’Histoire occidentaux, mettant ainsi à jour une façon de percevoir les choses et de les hiérarchiser en valeur tout à fait étonnante. Se sédentariser, par extension posséder, est, dans nos civilisations occidentales contemporaines, le signe d’une haute valeur morale, intellectuelle, sociale, etc. A contrario, les nomades ont été associés à la barbarie. Anthony Sattin s’offre pour mission de nous montrer à quel point « leur mode de vie plus libre, moins destructeur, leur faculté d’adaptation, leur capacité à faire preuve d’agilité et de flexibilité dans leur pensée et leurs façons d’agir, l’équilibre qu’ils ont su maintenir avec le monde naturel, [...] une façon d’exister différente » n’a pas moins de valeur que celle des sédentaires que nous sommes devenus. Mais on peut tout aussi bien se laisser bercer par la succession des récits faits pour chaque peuple nomade connu depuis 12 000 ans avant J.-C. à nos jours. Des illustrations marquent la fin de chaque histoire, comme une indication pour arrêter ou reprendre sa lecture, procédé qui n’est pas sans rappeler celui choisi par Shéhérazade dans les Mille et une nuits. Alors que l’histoire des nomades se déroule là où des traces ont pu être mises au jour grâce à l’archéologie, donc définie par des aires géographiques (Göbekli Tepe, Uruk, etc.), elle prend ensuite le nom de peuples tels que les Hyksôs en Égypte, les Perses, les Scythes, etc. Et c’est avec ravissement qu’on s’accorde à penser comme l’écrivait Bruce Chatwin, que « le vrai domicile de l’homme n’est pas une maison mais la route ».

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