Littérature française

Serge Joncour

L’Écrivain national

photo libraire

Chronique de Jean-Marc Brunier

Librairie Le Cadran lunaire (Mâcon)

Ceci n’est pas un fait divers : notre Écrivain National est de retour. Rondement mené, jubilatoire et intriguant, émouvant et souriant, pour un Joncour, c’est un grand Joncour.

À peine arrivé dans son lieu de résidence d’écriture, le Morvan profond et ses forêts immenses et sombres, notre écrivain national s’apprête à passer là quelques semaines tranquilles, célébré comme il se doit par ses lectrices et autres admirateurs. Mais une photo, une simple photo l’attire et l’emporte. Et le voilà, bien malgré lui, embarqué dans une histoire de mort d’homme sur fond de trafic de drogue, de mouvements écologistes extrémistes en guerre contre la marche inexorable et vorace de l’industrie forestière. Et puis surtout, sur la photo, il y a les yeux, les beaux et énigmatiques yeux de Dora, comme un appel, une supplique, une promesse. Qui y résisterait ? Serge Joncour dresse le portrait tantôt drôle, tantôt émouvant, d’une communauté humaine, avec ses petitesses, ses peurs, ses perversités, un monde rural aux prises avec les grandes mutations d’un monde moderne trop violent. Serge Joncour aime les gens. Ses personnages sont si humains, si tendrement humains. Il se joue aussi de ce rôle d’écrivain national, son propre rôle de fiction, pour s’amuser et réfléchir au pouvoir et aux limites de la littérature. La mécanique est parfaitement huilée : intrigue policière et ambiance « chabrolienne » assurée.