Littérature étrangère

Elena Ferrante

Le Nouveau Nom

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photo libraire

Chronique de Agathe Guillaume

Librairie De beaux lendemains (Bagnolet)

Les éditions Gallimard font paraître la traduction du deuxième volet de la tétralogie de la captivante et mystérieuse Elena Ferrante. Pour le plus grand plaisir de ceux qui avaient déjà lu le premier !

Rares sont les personnages de fiction aussi attachants que ceux d’Elena Greco et Raffaella Cerullo, alias Lenù et Lila. Nous les avions découvertes avec L’Amie prodigieuse , désormais disponible en Folio. Dans leur quartier pauvre de Naples, nous les avions suivies de leur plus tendre enfance jusqu’à leurs 16 ans, à la fin des années 1950. Complicité, proximité, mais aussi compétition et jalousie faisaient partie intégrante de leur amitié complexe et inébranlable. Et c’est cette subtilité et cette sensibilité dans l’écriture d’Elena Ferrante, cette incroyable finesse psychologique qui rend ses personnages si profonds et vivants. Nous retrouvons les deux jeunes filles après le mariage de Lila, dans un texte au ton plus grave et d’autant plus intense. Elles n’auront alors qu’un seul but : s’extirper de leur condition sociale, chacune à leur façon. Lenù, la narratrice, empruntera pour cela la voie des études quand Lila misera sur un mariage réussi. Elles rencontreront alors les déconvenues, voire les tragédies subies par les femmes de leur classe dans les années 1960. Elena Ferrante sonde profondément l’intimité des filles, mais avec une pudeur et une justesse remarquable. Elle traite les corps et les émotions avec une proximité presque charnelle. Sa série-fleuve incroyablement romanesque est d’une lecture fluide et d’une grande qualité littéraire. Le phénomène Elena Ferrante est sans précédent. D’abord par la réussite de sa série, mais aussi parce que personne ne sait qui se cache derrière ce nom. Et c’est tant mieux puisque celle-ci a annoncé qu’elle cesserait d’écrire quand elle serait démasquée. Et si le lecteur se délecte des vies tumultueuses de nos deux héroïnes, en aucun cas il ne voudrait qu’elles ne s’arrêtent.