Littérature étrangère
Björn Larsson
La Dernière Aventure de Long John Silver
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Björn Larsson
La Dernière Aventure de Long John Silver
Traduit de l’italien par Camille Paul
Grasset
21/11/2024
128 pages, 10 €
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Chronique de
Benjamin Cornet
Librairie Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt) -
❤ Lu et conseillé par
7 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Geneviève Gimeno de Maupetit (Marseille)
- Véronique Marchand de Le Failler (Rennes)
- Pierre Audier de Fontaine Haussmann (Paris)
- Valérie Barbe de Au brouillon de culture (Caen)
- Benjamin Cornet de Les mots et les choses (Boulogne-Billancourt)
- Brice Vauthier de L'Étagère (Saint-Malo (Paramé))
✒ Benjamin Cornet
(Librairie Les mots et les choses, Boulogne-Billancourt)
Nostalgiques des écrits de Stevenson et Defoe, sautez de joie et tapez des deux mains ! Björn Larsson nous offre un récit où s’entremêlent récits de boucaniers, commerce triangulaire et châtiment cruel. Un régal.
Près de vingt ans après, l’auteur du Cercle celtique revient sur un épisode « sacrifié » des mémoires de Long John Silver (1995). Et quel épisode ! Un exécrable aristocrate désargenté, Charles Barrington, paria de la Compagnie des Indes orientales, échoue lamentablement dans son entreprise de traite négrière et se retrouve débarqué sur les côtes de Madagascar. Après trois semaines d’errance, il croit trouver son salut quand il découvre le repaire du fameux Long John Silver, vieux pirate désormais sédentaire, installé sur son « rocher » et vivant entouré de sa garde d’esclaves affranchis. Disposé à l’accueillir mais pas à le pardonner, le célèbre pirate de L’Île au trésor va laisser Barrington retracer longuement son histoire, audacieuse certes, mais offrant au lecteur la vision d’un aristocrate ruiné, cupide, prêt à tout pour se refaire et terriblement déboussolé par la présence des affranchis qui l’entourent, désormais sans valeur… Avec ironie et maniant un double sens permanent, Long John Silver instaure avec Barrington un climat indécis entre empathie et dégoût. Plus de doute : le répit sera de courte durée et l’issue bien cruelle... Cet épisode de la vie de Long John Silver ressemble à une fable à la morale incertaine ; le vieux pirate, repu de navigation et s’adonnant à l’écriture de ses mémoires, s’indigne de l’attitude ignoble de Barrington, mais lui en fait payer le prix avec un procédé d’une féroce cruauté. Malgré sa retraite, Long John Silver demeure un redoutable stratège dépourvu de tout scrupule. Bjorn Larsson laisse ainsi le lecteur perplexe, perpétuant encore la fascination ambivalente qu’exerce le personnage créé par Stevenson. Un classique d’aujourd’hui.