Bande dessinée

Cabanes , Manchette

Fatale

photo libraire

Chronique de Edouard Chevais-Deighton

Librairie Charlemagne (Toulon)

Aimée est belle. Que dis-je ? Elle est somptueuse ! De ces femmes sur lesquelles on se retourne fasciné par une plastique, une démarche, une simplicité apparente mais aussi, parfois, un léger parfum de danger. Car oui, Aimée est aussi belle que dangereuse… Et l’on s’en rend compte dès les premières pages après l’avoir vu régler les dernières mesures d’une machination dont le but semble l’appât du gain. Aimée, qui entretient avec l’argent une relation quasi charnelle. À moins que ce ne soit le plaisir qu’elle éprouve à dépouiller de leurs biens les notables des petites villes où elle s’établit qui la motive. Une façon de leur retirer ce qui fait l’essence de leur pouvoir ? Observer, puis tisser tranquillement sa toile en exacerbant haines et rancœurs, avant de mettre en place son plan machiavélique, voilà à quoi s’emploie Aimée. Au risque de rencontrer plus fort qu’elle… Après La Princesse de Sang, Max Cabanes et Doug Headline continuent l’adaptation en bande dessinée de l’œuvre de Manchette. Mais là où le trait d’un Tardi assurait une forme de surréalisme aux histoires de ce maître du polar, celui de Cabanes s’attèle à nous décrire la sombre froideur d’un récit réaliste et tranchant. Une vraie réussite. Et qu’Aimée est belle ! Si tant est que ce soit son vrai nom…

 

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