Littérature étrangère

Jonathan Coe

Billy Wilder et moi

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Chronique de Arnaud Bresson

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

Jonathan Coe nous offre, dans son nouveau roman au titre sans équivoque, un portrait drôle, touchant et vraiment personnel d’un maître de l’âge d’or du cinéma hollywoodien, en évoquant le crépuscule d’une œuvre.

Billy Wilder, c’est, pour tous les amoureux du 7e art, un cinéaste connu et reconnu. C’est tout d’abord un scénariste immensément talentueux et le réalisateur de chefs-d’œuvre comme le machiavélique Assurance sur la mort, le torturé Le Poison, le jubilatoire La Garçonnière, le magnifique Boulevard du crépuscule, le jouissif Témoin à charge ou l’incontournable Certains l’aiment chaud. C’est également ce jeune Allemand faisant partie de cette vague d’artistes exilés des années 1930 qui enrichit la culture cinématographique hollywoodienne du XX e siècle, donnant tout son sens au fameux melting-pot, ciment (quelquefois fantasmé) de la société américaine. Mais la période qui intéresse Jonathan Coe, c’est celle de la deuxième partie des années 1970, une époque où les grands succès de Billy Wilder sont un lointain souvenir. Ses dernières créations, La Vie privée de Sherlock Holmes ou Avanti !, n’ont pas connu un grand succès public ni critique. Nous découvrons alors Calista, jeune Grecque en séjour à Los Angeles, qui rencontre par hasard, lors d’un repas, le célèbre cinéaste et son scénariste I. A. L. Diamond. Elle se trouve embarquée comme interprète sur le tournage du prochain film du réalisateur, Fedora, dont une partie est tournée en Grèce. C’est donc à travers les yeux de cette jeune femme, totalement ignorante en matière de cinéma, que l’on entre dans l’intimité du cinéaste et de son discret complice depuis une quinzaine d’année. Elle découvre Billy Wilder tel que l’imagine le cinéphile, à savoir plein d’humour, charmeur mais également très exigeant voire tyrannique avec son équipe. Elle partage le quotidien de ces hommes dépassés par leur époque et lucides sur leur déclin. Ce roman exprime la véritable déclaration d’amour d’un auteur cinéphile à un monstre sacré du cinéma, déclaration qui invite le lecteur à revisiter l’intégralité de la filmographie du maître.

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