Littérature étrangère

Aleksandar Gatalica

À la guerre comme à la guerre !

photo libraire

Chronique de Jean-Luc Aubarbier

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Une épopée qui traverse le début du xxe siècle, une fresque érudite, une folie, un exploit littéraire… Que de qualificatifs pour dire tout le bien que l’on pense du roman du Serbe Aleksandar Gatalica. L’œuvre nous dévoile la Grande Guerre comme aucun livre avant lui. Quatre-vingts personnages, réels ou fictifs, sont convoqués pour mêler leurs voix dans un opéra tragi-comique. « Il y aura une guerre, une grande guerre », ces derniers mots prononcés par l’archiduc François-Ferdinand avant de rendre l’âme prennent un accent de prophétie antique. Le cadre bouge, les personnages s’agitent, à la fois anxieux et désireux de se battre. À Paris, Cocteau prend du poids pour échapper à la mobilisation. Mehmed Yildiz, à Istanbul, voit ses trois apprentis partir pour le front. Sous la mer, dans les airs, des forces meurtrières se mettent en action. Le roman déboule sur la scène d’un opéra berlinois, dans le palais du tsar, un cabaret londonien, les villages arméniens, les tranchées de Verdun. Partout, la mort s’insinue.

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