Littérature française

Jérôme Ferrari , Olivier Rohe

À fendre le coeur le plus dur

photo libraire

Chronique de Vincent Ladoucette

Librairie Privat (Toulouse)

Parmi les photographies prises par Gaston Chérau lors d’un reportage de guerre en Libye datant de 1911, ce sont celles d’une pendaison publique qui ont retenu l’attention de Jérôme Ferrari et Olivier Rohe. Ils montrent comment la théâtralisation de la mise à mort des condamnés sert la propagande et légitime la répression exercée par l’Empire colonial italien. La violence révolutionnaire des Libyens est présentée comme l’expression de la sauvagerie des Arabes, plutôt que comme une forme de résistance politique à l’oppresseur. C’est de cette manière que les occupants utilisent les photographies pour justifier leur propre usage de la force. Cette méthode, inaugurée par les Italiens, sera ensuite utilisée par la France pendant la guerre d’Algérie, puis par les Américains en Irak pour diffuser au monde un message identique. Cet essai bref mais riche s’attaque à la colonisation, à sa prétendue mission civilisatrice et à la question de la représentation du mal : faut-il ou non mettre des mots sur l’abjection ?

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