Littérature française

François-Guillaume Lorrain

Vends maison de famille

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photo libraire

Chronique de Sophie Vuillemard

Librairie Les cocottes rousses (Saint-Symphorien-d’Ozon)

Une maison de campagne, ça se mérite. Pas question de courir dans les herbes folles ni de s’octroyer une sieste prolongée. Plutôt planter, couper, ramasser, ratisser, tailler... Bienvenue à Maulna !

Maulna, c’est une maison de campagne et ses terres attenantes à l’origine des aléas d’une famille. Souverain en son domaine, le père y prône l’autosuffisance alimentaire en imposant une vie en autarcie aux siens. Pour les enfants Guillaume et Estelle, la fin de chaque semaine sonne le glas : on abandonne les cartables dans l’appartement de Saint-Cloud pour mieux se soumettre aux exigences du patriarche. Toute la famille investit le lieu, les enfants sont contraints d’entretenir les espaces verts, les plantations et les récoltes nourricières du potager. Les enfants grandissent, puis finissent par fuir, leur vie d’adultes et le travail les y aidant. Au décès du père, la propriété demeure à la charge de la mère qui ne se résout pas à partir, jusqu’à l’accident de trop qui l’immobilise et ne lui permet plus d’entretenir les terres familiales. En mère et grand-mère bienveillante, elle pose la question du devenir du lieu, de son avenir. Bien plus que les questions de transmission ou de succession, l’auteur évoque sans état d’âme, et non sans un certain humour, une enfance cabossée par les choix de vie d’un père. Il dresse le portrait d’une famille en décomposition, soumise aux lois drastiques d’un bien familial et de ses usages.