Jeunesse Dès 13 ans

Tristan Koëgel

Quand on dansait sur les toits

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photo libraire

Chronique de Florence Fux

Librairie Vivement dimanche - La Benjamine (Lyon)

Il est de ces livres qui vous touchent plus que d'autres, qui vous marquent, une phrase qui percute, des personnages qui vivent plus intensément. C'est le cas pour Quand on dansait sur les toits. Ce roman, c'est une fleur qui pousse dans le bitume, qui vient habiller la vie grise de couleurs inédites et de musiques vibrantes.

Pablo et Mayssane se connaissent depuis toujours. Chacun de son côté de la rue dans un lotissement résidentiel où il ne se passe pas grand-chose. Ils grandissent ensemble, Pablo marchant toujours dans les pas de Mayssane. C'est même elle qui lui a appris, à marcher. De classe en classe, d'amitiés en rencontres, il devient vite évident pour ces deux-là que c'est eux deux sinon rien. Eux deux contre le monde. Un bloc d'amour franc, solide, inébranlable. Et pourtant. Pourtant un jour, Mayssane s'effondre dans la cour. Des bêtes la rongent de l'intérieur. Cette fois, Mayssane est seule. Mais l'est-elle vraiment ? Pablo ne l'accepte pas, Pablo ne la laissera pas tomber. Ils ont 8, 9 ans, ce sont des pirates et ils vont se battre. Tous les jours, dans le jardin de Mayssane, lui et ses copains tâchent de ramener la vie dans la maison de leur amie. Et même qu'avec leurs épées en bois, leurs faux cache-œil et leur enthousiasme naïf, ils gagnent contre les p'tites bêtes. Et la vie revient, la vie reprend, les projets, les rêves, toujours plus fous, toujours plus doux, toujours plus forts. Mais quelques années plus tard, Mayssane s'effondre encore. Ils ont grandi, ils sont moins naïfs, leurs rêves commencent à quitter un peu la lune. Et tout recommence. Sauf que cette fois, tout est plus difficile, rien n'est gagné et les épées en bois ont l'air bien frêles devant les nouvelles bêtes de Mayssane. Et le futur commence à perdre des couleurs, l'espoir se teinte d'angoisse. Est-ce que Pablo saura continuer à marcher si elle s'en va ? Ce roman parle de l'amour, de l'amitié, de tout ce qu'il y a entre les deux. Parce qu'entre Pablo et Mayssane, difficile de se faire une place parfois. Et pourtant, autour d'eux comme des protecteurs de cette relation, gravitent leurs parents parfois perdus mais presque tout le temps bienveillants. Max et Inès les copains de toujours, parfois soutiens, quelques fois de trop parce qu'il en faut de l'énergie pour compléter ce duo-là. Mme Amari, prof de français passionnée et passionnante, va se glisser dans la vie des ados avec discrétion et bienveillance. Et puis il y a la maladie, aussi, cet ennemi, cet antagoniste digne des tragédies grecques, prêt à tout, jamais vraiment parti. C'est beau, à faire pleurer dans les transports (l'autrice de cette chronique a testé pour vous le bus et le train), ça donne envie d'aimer plus fort, de rêver plus fort et de, peut-être, un jour, danser sur les toits.