Littérature française

Caryl Férey

Pourvu que ça brûle

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photo libraire

Chronique de Carine David-Imbert

Librairie Majolire (L'Isle d’Abeau)

Après avoir souvent évoqué en fiction la noirceur d’ailleurs, Caryl Férey raconte sa propre histoire. Embarquement immédiat pour un voyage qui décoiffe en compagnie d’un écrivain en devenir, assoiffé de découvertes et de liberté. Où l’on découvrira la genèse de ses plus grands succès.

On l’aimait déjà tellement pour ses polars ethniques. Il nous avait transportés en Nouvelle-Zélande à la rencontre des Maoris (Haka, Utu), plongés dans la violence des townships d’Afrique du Sud (Zulu), fait découvrir la démocratie bafouée en Argentine (Mapuche), puis l’histoire ténébreuse du Chili avec Condor (tous parus chez Gallimard). Bref, Caryl Férey est un écrivain voyageur et engagé. Avec Pourvu que ça brûle, il nous embarque cette fois dans le plus passionnant des voyages : le sien. Étudiant, alors qu’il se rêve guitariste de rock, il noircit déjà les pages de ses carnets d’histoires. Écrites pour lui-même ou pour ses amis, elles sont le moyen d’extérioriser ce qui le prend aux tripes. Car Caryl Férey est un sentimental. Et ses émotions, il choisit de les coucher sur le papier. Une rencontre, un lieu, une exaction… tout est matière à nourrir son imagination. Puis l’écriture devient plus pressante tandis qu’il entame son tout premier périple. Un « presque » tour du monde à 21 ans avec son ami « Éléphant Souriant » (tous ses proches seront ainsi affublés de surnoms affectueusement évocateurs pour préserver leur anonymat). Voyage et écriture. Dès lors, les deux éléments vont devenir indissociables. Au gré de ses explorations et de ses rencontres, il s’imprègne des cultures, rassemble des informations et façonne ses personnages. Société, histoire, politique, ethnologie, tout est abordé, car ce qui le touche trouve place dans ses romans. Sans parler des histoires d’amour intenses, qui occupent une place centrale dans Mapuche ou Condor. Et puis le voyage, tout comme l’écriture, cela se partage, car l’amitié est un véritable moteur pour Caryl Férey. C’est donc toujours bien entouré qu’il part à la découverte de nouveaux horizons. Ses compagnons d’aventure lui permettent d’avancer, de progresser et d’aller plus loin (certains, tels « La Bête », sont homériques). Carnet de voyage, autofiction, manifeste de la camaraderie, Caryl Férey se livre à cœur ouvert sur sa vie, ses révoltes, ses espoirs et ses expériences. Qui ne l’a jamais lu n’aura de cesse de le découvrir, tandis que les autres ne pourront s’empêcher de se replonger avec exaltation dans ses récits précédents. Un ouvrage passionnant, qui révèle comment fiction et réalité sont parfois tellement entremêlées que l’on ne sait plus vraiment laquelle influence l’autre. Un texte qui vous donnera des envies d’ailleurs.