Polar

Thomas Cantaloube

Mai 67

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photo libraire

Chronique de Raphaël Panarisi

Librairie Forum (Saint-Étienne)

Barbouzes, truands, magouilles et yachts de luxe sur fond d’émeutes et de manifestions en Guadeloupe ! D’un chien lancé sur un mendiant aux barricades de mai 68, Thomas Cantaloube signe un roman noir soigneusement documenté sur une page sombre de l’Histoire de la Ve République.

Troisième opus des enquêtes de Luc Blanchard après Requiem pour une République (prix Landerneau et Prix Sang d'Encre 2019) et Frakas (même si chaque intrigue peut se concevoir et se lire indépendamment), Mai 67 installe cette fois son héros en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre. Fini le boulot de flic pour Blanchard ! Ce dernier travaille désormais comme journaliste pour la presse locale. Mais lorsque de violentes émeutes éclatent, prélude à la révolution qui suivra, il doit prouver l’innocence de sa compagne, noire, injustement envoyée en prison. En plaçant intelligemment ses personnages et son intrigue dans un contexte historique fort – après l'Algérie et le FLN de Requiem pour une République et le Cameroun et la Françafrique de Frakas – l’auteur pose un regard acerbe sur un fait divers marquant de l'Histoire de l'archipel. Les émeutes de 1967, lors de grèves consécutives à l’agression raciste d’un mendiant noir par un commerçant blanc, coûteront la vie à plusieurs opposants et priveront de liberté de nombreux autres. Mais pas seulement. Thomas Cantaloube livre également un jugement sur toute une époque et montre les dérives et le silence du gouvernement français pour ses départements et régions d’outre-mer. L'ancien rédacteur chez Mediapart fait entrer en résonance fiction et faits réels méconnus dans une prose singulière qui sent le rhum. Quant à nous, lecteurs, passé le divertissement d’une intrigue maîtrisée, nous sommes pris aux tripes et expérimentons un véritable sentiment de révolte devant cette injustice.