Littérature française

Chloé Schmitt

Les Affreux

photo libraire

Chronique de Yolande Bastian

Bibliothèque/Médiathèque de Sarrebourg (Sarrebourg)

Lorsque l’accident frappe, les délicieux arrangements de la vie se fissurent et s’écroulent. Les couleurs, alors, glissent dans l’ombre… et la haine explose au grand jour.

Un jour, l’accident a frappé impitoyablement le cerveau d’Alphonse et tous les fragments de sa vie se sont pétrifiés au fond d’un fauteuil roulant. Hier encore, il enfilait son costard bleu sombre de contrôleur et arpentait les couloirs du métro. Le soir, il retrouvait Clarisse qui boitait, scotchée à son balai, à ses plaintes, à son pyjama… Heureusement, il avait rencontré Lili, son soleil clandestin, ses lendemains possibles. Ses mots sont désormais murés dans le silence. Avec ses yeux grands ouverts, il observe les fissures du plafond et aussi les crevasses de la vie. Il écoute la compassion des autres, qui doucement s’éteint. Il entend de plus en plus fort les cris de rage, de jalousie, de haine qui finissent par se fondre dans une atroce cacophonie. Tel un vernis qui se craquelle, ce roman laisse apparaître les vérités originelles, enfouies sous le décor. La peinture est sombre, les personnages cruels. Et en dépit de son immobilité forcée, le paralytique imprime au récit un rythme saisissant.

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