Littérature française

Adélaïde de Clermont-Tonnerre

Le Dernier des nôtres

illustration
photo libraire

Chronique de Pascale Bragard

Librairie Anagramme (Sèvres)

De « l’Opération Paperclip » à la fin de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au New York pop des années 1960, Adélaïde de Clermont-Tonnerre dévoile les prémices de la Guerre froide à travers les destins croisés de deux écorchés vifs.

Werner Zilch, né en 1945 à Dresde, ne connaît rien de son passé. Très tôt adopté par une famille de la classe moyenne américaine, il a l’avenir devant lui. Il est beau, réussit dans les affaires et mène une vie plutôt agitée jusqu’à sa rencontre avec Rebecca, jeune artiste et riche héritière d’un des hommes les plus puissants des États-Unis. Très vite, il se sent irrésistiblement attiré par cette femme. Tout va pour le mieux jusqu’au jour où elle lui présente sa mère et que celle-ci s’effondre en le voyant. Par peur de la perdre, il devra replonger dans son passé douloureux. Qui étaient ses véritables parents ? Pourquoi l’ont-ils abandonné ? Autant de questions qu’il ne s’est jamais posées avant cette rencontre. Confronté aux démons de l’Histoire, il sera obligé de faire des choix. S’appuyant sur une trame historique, Adélaïde de Clermont-Tonnerre aborde le douloureux sujet de la résurgence du passé dans la construction du devenir. L’auteure alterne les chapitres entre deux époques, celle de la fin de la guerre et celle des années 1960, qui voit l’art se développer sous toutes ses formes. Après le succès de son premier roman Fourrure (Le Livre de Poche), Adélaïde de Clermont-Tonnerre livre un nouveau roman éclatant de sensibilité, une ode à l’amour dans une époque où tout était permis. Elle réussit la prouesse de construire une véritable intrigue à partir d’un fait réel : l’Opération Paperclip qui a blanchi un certain nombre de savants nazis, dont le professeur Von Braun, scientifique opportuniste et officier SS inventeur des missiles V2. Il devint aux États-Unis le père des programmes spatiaux de la Nasa sous l’ère Kennedy. C’est cette habileté à mêler fiction et réalité qui fait la force de ce roman.