Littérature française

Isabelle Lortholary

L’Année pensionnaire

photo libraire

Chronique de Éloïse Boutin

Librairie L'Embellie (La Bernerie en Retz)

Une jeune femme se remémore son enfance passée dans un pensionnat des Pyrénées. Des souvenirs qu’il lui faut accepter, malgré l’amertume et les regrets. Des mots pour se libérer.

Elle a 14 ans. Depuis déjà sept ans, elle vit dans ce pensionnat pour jeunes filles aisées. Sept ans loin de parents trop occupés à gérer leur carrière pour prendre le temps d’aimer leur fille, de la voir ne serait-ce qu’aux vacances scolaires. De longues années d’ennui, de solitude et d’anonymat. Jusqu’à l’arrivée d’Attali. De deux ans son aînée, belle et impénétrable, elle vient d’arriver au pensionnat. La mystérieuse Attali la fascine, l’ensorcelle, occupe toutes ses pensées. Mais son pouvoir d’attraction est aussi fort que son indifférence est manifeste. Un léger sourire aux lèvres, un regard vide et lointain, elle est impossible à atteindre. Isabelle Lortholary plonge le lecteur au cœur d’un pensionnat des années 1970. Loin de dépeindre le portrait de pensionnaires solidaires et unies face à l’autorité, elle restitue avec sensibilité et justesse la vie de ces jeunes filles au quotidien morne et monotone. L’institution efface les personnalités, mais la promiscuité exacerbe les émotions. Quand la résignation mène au mépris, quand la solitude mène à la cruauté. L’auteure pose un regard dénué de pathos sur ces années à l’écart des hommes. Un court roman délicat et troublant.

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