Alors qu’en 2015, certains hurlent au scandale quand d’autres refusent de la chanter, Gainsbourg lui, a dû affronter les critiques les plus féroces et la censure pour avoir chanté la Marseillaise version reggae en 1980 !

« Je viens vous dire qu’un groupe d’extrême droite a fait annuler ce concert… » C’est avec cette phrase que Serge Gainsbourg s’adresse à la foule présente pour le concert devenu mythique du mois de janvier 1980 à Strasbourg, et c’est là que commence le livre de Laurent Balandras, La Marseillaise de Serge Gainsbourg, Anatomie d’un scandale. L’auteur livre ici une analyse critique de l’affaire liée à La Marseillaise version reggae de Serge Gainsbourg. Alors que cette chanson nous apparaît 35 ans plus tard comme l’énième illustration du génie de Gainsbourg, il n’en a pas été ainsi pour tout le monde à la sortie de l’album Aux Armes et cætera en 1979. C’est le journaliste Michel Droit qui mit le feu aux poudres dans les colonnes du Figaro Magazine, décrétant que c’était « une profanation pure et simple (…) de ce que nous avons de plus sacré » et accusant Gainsbourg d’être un provocateur favorisant l’antisémitisme par son interprétation « aux rythmes vaguement caraïbes ». Le décor est planté, nous nageons en pleine ambiance réactionnaire au pays des droits de l’homme. Le vrai talent de Laurent Balandras est de nous faire remonter le temps à travers différents fils conducteurs : Rouget de Lisle en 1792, Gainsbourg et sa famille à travers le xx^e siècle, Michel Droit, de son passé de résistant héroïque à son papier gras et sale et qui a peut-être, ne lui en déplaise, contribué au premier succès de Serge Gainsbourg auprès du grand public. Bien plus qu’un énième livre sur Gainsbourg, La Marseillaise de Serge Gainsbourg, Anatomie d’un scandale est un livre politique illustré d’archives peu connues, un livre qui donne envie de chanter La Marseillaise à la sauce jamaïcaine !