Polar

Donato Carrisi

La Fille dans le brouillard

illustration

Chronique de Julie Bacques

Maison d'édition Québec Amérique (Québec)

Un flic peu scrupuleux attire les journalistes dans une bourgade perdue des Alpes où une jeune fille a disparu. Manipulation, influence des médias, mensonges… Donato Carrisi nous balade à 100 à l’heure et met nos nerfs à l’épreuve.

Le commandant de police Vogel débarque en pleine confusion et couvert de sang à Avechot, petite bourgade des Alpes. C’est le psychiatre du coin qui est chargé de l’interroger. Et de comprendre... Vogel a quitté le village quelques semaines plus tôt à l’issue d’une enquête qu’il a menée, et son retour étonne. Alors il raconte. Anna Lou, jeune fille sage, a disparu sans laisser de traces sur le trajet de l’église. L’arrivée de Vogel sur place, auréolé de sa gloire médiatique, puis celle du jeune lieutenant Borghi, flic droit et un peu naïf, précèdent l’arrivée de la presse. Car c’est ainsi que travaille l’enquêteur : manipuler la presse – et le criminel en même temps – tout en entretenant sauvagement sa popularité, qui semble être sa principale obsession. À Avechot, la compassion est réelle pour la famille de la disparue, mais le phénomène local est vite dépassé et c’est bientôt le pays tout entier qui pleure Anna Lou et vient se recueillir devant la maison de ses parents. Qui est ce jeune camarade de classe un peu asocial qui suivait et filmait Anna Lou partout ? Quid de ce professeur Martini, nouvellement arrivé dans les Alpes et dont le chemin a croisé celui de l’étudiante ? La meilleure amie de Anna Lou est-elle si loyale que cela ? Quelle est cette communauté religieuse quasi sectaire qui unit les habitants ? Vogel manie les ficelles, la presse s’en empare, la foule demande un coupable à lyncher, davantage qu’une victime à pleurer. De la première à la dernière page, l’auteur nous manipule, nous fait changer de camp dix fois, nous fait détester et aimer les personnages, nous fait douter, bref il nous balade tout au long d’une lecture addictive et fébrile, et c’est un pur bonheur. Quant aux sentiments déplaisants qui vous assaillent sur le pouvoir des médias, vous m’en direz des nouvelles…