Houris

Le 31 décembre 1999, dans une Algérie rongée par la guerre civile, Aube et sa famille sont sauvagement attaquées par des « barbus ». Gravement blessée à la gorge, Aube échappe de peu à la mort, mais à quel prix : la voilà muette, sans cordes vocales et avec une énorme cicatrice sur le cou. Marquée à vie par ce terrible événement, au sens propre comme figuré, Aube refuse d’oublier cette tragédie, contrairement à ce que souhaitaient les autorités algériennes de l’époque : seule la guerre de décolonisation s’étant déroulée entre 1954 et 1962 pouvait être abordée. À l’inverse, des lois existent punissant toute personne qui évoquerait la guerre civile des années 1990. Devenue jeune femme, Aube va raconter cet acte de barbarie ‒ dont elle a miraculeusement réchappé ‒ et décrire tout le contexte de l’époque à la fille qu’elle porte dans son ventre. Aube va-t-elle garder cet enfant, en a-t-elle le droit ? Les réponses à ces questions, elle va tenter de les trouver en rejoignant son village d’enfance dans ce qu’on pourra qualifier de véritable quête. Une quête dans laquelle différents thèmes sont abordés, comme la condition des femmes, particulièrement difficile, leur refus de se résigner à leur situation et d’abandonner le combat. Ce roman nous apporte également de nombreux éclairages historiques sur l’Algérie et sur l’Islam. Kamel Daoud traite d’un sujet extrêmement dur dont la lecture s’avère, à certains moments, compliquée, tant les faits relatés y sont cruels. Mais l’écriture est superbe, la construction du livre limpide. Ces atouts rendent ce nouvel ouvrage aussi touchant qu’instructif. Un roman dont on devrait beaucoup parler lors de cette rentrée littéraire !