Essais

Zeev Sternhell , Nicolas Weill

Histoire et Lumières

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photo libraire

Chronique de Valérie Wosinski

Pigiste ()

Historien du fascisme et des « Anti-Lumières », Zeev Sternhell revient pour la première fois sur sa vie dans un entretien avec Nicolas Weill. Captivant !

La collection « Itinéraires du savoir », chez Albin Michel, toujours passionnante pour ce qu’elle donne à voir d’une œuvre et d’une pensée, s’enrichit de ce livre d’échanges avec Zeev Sternhell. Né juif polonais, Zeev Sternhell échappera à la mort en gagnant la partie de la Pologne occupée par les Soviétiques. Après la guerre, il arrive en France, seul, et est recueilli par un oncle. Après s’être initié à la langue française, il part pour Israël en 1951. Soldat, il participe à la campagne de Suez, à la guerre des Six Jours, à celle du Kippour et à l’invasion du Sud-Liban. De cette expérience combattante, il retirera notamment un recul critique vis-à-vis des témoignages et la nécessité d’axer son travail d’historien sur les sources écrites. Engagé politiquement à gauche, il se dit sioniste mais critique la politique de colonisation de l’État hébreu : « Une plaie, un cancer qui mettra fin à notre existence comme société libre et démocratique ». Ayant travaillé sur la naissance de l’idéologie fasciste, il a essayé d’en établir ses fondements en France à la fin du xixe siècle, puis il a remis en cause le mythe de « l’allergie française au fascisme ». Sa vie, comme son œuvre, nous montre à quel point une société libre et laïque est un bien dont on risque de ne mesurer la valeur qu’après l’avoir laissée disparaître.