Littérature étrangère

Hakan Günday

Encore

photo libraire

Chronique de Pascal Thuot

Librairie Millepages (Vincennes)

En refermant Encore, le dernier roman d’Hakan Günday, il faut prendre le temps de s’ébrouer. Mais les effets de la gifle reçue peinent à s’estomper tant le choc est considérable. À partir d’un sujet brûlant, le sort atroce réservé aux migrants, Günday choisit de dynamiter notre innocence de pacotille. Comment ? En culbutant le lecteur dans l’enfer mental du passeur, plus précisément du fils d’un trafiquant, Gâza, un enfant que le mal va grignoter comme une gale jusqu’au point de non-retour. Porté par une écriture à l’intelligence narrative hors du commun, Encore réussit un pari compliqué : explorer par un subtil jeu de renversements tous les aspects de la condition humaine soumise aux effets pervers de la domination. Un roman politique ? Oui, mais seulement parce que ce n’est pas son intention première. Écrire reste la meilleure façon de penser. Il faut se rendre à l’évidence : avec ce voyage au bout de notre nuit, la Turquie a donné naissance à son Louis-Ferdinand Céline.

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