Polar

Arnaldur Indridason

Betty

photo libraire

Chronique de Rémy Ehlinger

Librairie Coiffard (Nantes)

Lorsqu’Arnaldur Indridason décide de quitter un temps Erlendur et ses adjoints, c’est pour s’atteler à un grand roman noir.

Betty est si belle, si forte, tellement indépendante, que personne ne peut lui résister. Surtout pas le narrateur du roman qui se retrouve en prison pour avoir trop aimé la belle, pour l’avoir aimé jusqu’à l’aveuglement. Il n’a pas vu les signes, n’a pas compris ce que tramait Betty… Elle l’avait abordé, séduit, puis si bien manipulé qu’il se retrouvait maintenant accusé du meurtre de son mari. Dans sa cellule, il se souvient et raconte.

Aussi habile à captiver son lecteur avec cette histoire de femme fatale et de manipulation qu’il l’est à nous faire entrevoir les méandres de l’Islande contemporaine, Arnaldur Indridason renoue très talentueusement avec la grande tradition du roman noir. Quel bonheur de voir petit à petit le piège se refermer inéluctablement sur le narrateur, héros malheureux, bouc émissaire idéal, victime de LA femme fatale, celle qu’on imagine volontiers sous les traits d’Ava Gardner ou de Greta Garbo. L’exercice était périlleux tant le roman noir est codifié, tant l’archétype du héros pris au piège de la mante religieuse semble avoir vécu. Pourtant, il réussit magistralement à renouveler le genre en donnant un coup de jeune aux classiques du roman noir américain – mais je ne vous en dirai pas plus…

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