Littérature étrangère
Patrick Dennis
Autour du monde avec Tante Mame
-
Patrick Dennis
Autour du monde avec Tante Mame
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Alain Defossé
Flammarion
04/05/2011
394 pages, 21 €
-
Chronique de
Laurence Hurard
Librairie Lettre et merveilles (Pontoise) -
❤ Lu et conseillé par
3 libraire(s)
- Michel Gauvrit de Agora (La Roche-sur-Yon)
- Jérôme Toledano de Les Cyclades (Saint-Cloud)
- Carine Bastié de Privat (Toulouse)
✒ Laurence Hurard
(Librairie Lettre et merveilles, Pontoise)
Tante Mame, toujours accompagnée de Patrick, son « cher petit amour », nous revient avec le récit loufoque de ses aventures européennes et nous embarque dans un voyage hilarant, propre à enchanter nos lectures estivales.
Revoici donc cette grande folledingue de Tante Mame, (re)découverte l’an dernier alors qu’elle était tout entière investie dans l’éducation pour le moins originale de son orphelin de neveu. Dans un récit largement autobiographique – énorme succès d’édition aux États-Unis dans les années 1950 –, Patrick Dennis nous réjouissait avec le portrait délicieux de sa tante, femme d’une extravagance et d’un anticonformisme rafraîchissants. Nous retrouvons donc Mame et son neveu – dans ce roman publié pour la première fois en 1958 – pour le traditionnel et initiatique tour d’Europe, qui permettait aux riches Américains de « partager la culture suprêmement raffinée d’une civilisation ancestrale, empreinte de sagesse et d’histoire. » Traversant l’Europe de l’avant-guerre avec force fourrures, fourreaux de satin et diamants sur canapés, Tante Mame devient à Paris meneuse de revue par inadvertance, veut être présentée à la reine lors de son séjour à Londres, sauve à Biarritz sa meilleure amie des bras d’un escroc, fait flamboyer les nuits vénitiennes, croit se refaire une virginité dans un nid d’aigle autrichien, réinvente le communisme au pays des Soviets, rejoue les Montaigu et les Capulet au Moyen-Orient, se retrouve, enfin, au milieu d’un trafic d’armes en pleine mer Rouge, avant d’être sauvée par la Navy – et tout ça accompagnée de son très patient neveu, de son improbable chauffeur japonais et d’une galerie de personnages tous plus gentiment foutraques les uns que les autres.
Avec un étincelant sens du dialogue digne des meilleures comédies de Frank Capra, Patrick Dennis introduit dans les situations les plus burlesques une profonde intelligence et une grande clairvoyance. Tante Mame et son neveu Patrick, aussi futiles et superficiels qu’ils semblent l’être, se confrontent sans concessions aux différents totalitarismes qui assombrissent l’Europe d’avant-guerre. Les pages où Mame, avec son infini sens de la liberté, et toujours une coupe de champagne à la main, combat à sa mesure l’hydre nazie ou stalinienne, sont d’une redoutable efficacité.