À l’abri des hommes et des choses

C’est le livre d’une mutation. La mutation d’une adolescente qui va se raconter, se vivre, s’observer sans rien nous dissimuler de ses métamorphoses grâce à une langue incroyable qui nous immerge au plus près des pensées et de la chair de son héroïne pour qui « la nuit porte conseil et efface souvent des tristesses qu'on pensait qu'elles ne s'en iraient jamais ». Celle-ci vit en marge, entourée d’un duo de femmes dont on ne sait si elles sont mères, sœurs, tutrices ou un peu tout à la fois. Elle évolue, libre et sauvage, dans cette maison isolée au sein d’une nature foisonnante. Mais aussi prisonnière de ses gardiennes, redoutant la cruauté du monde extérieur et de la nature qui soumet les hommes et les oblige à l’humilité. Trois femmes se tiennent debout dans ce roman, au milieu du monde et on pourrait les regarder vivre pendant des heures, filant sur les mots de l’autrice et ses formules magiques. C’est bon comme un premier baiser réussi.