Parlez-nous de ce titre intrigant, Bretzel break, qui nous met immédiatement en appétit.
Maëlle Desard Dans Bretzel break, je joue beaucoup avec les différents niveaux de perception : ce que l’on sait, ce que l’on pense, ce que l’on voit. Et quand je réfléchissais à ce titre, j’ai très étrangement pensé au concept de spring break à l’américaine, incroyablement vissé dans le paraître, qui ne rentre justement dans aucune de ces cases. Avec Bretzel break, je propose une version plus authentique et nettement moins glamour de la pause estivale. Il y a un rapport au local et à la proximité qui est important pour moi dans ce titre.
Victoire est une adolescente qui ne s’accepte pas et qui a une perception déformée de son corps. Pourquoi avoir choisi d’écrire un roman sur le thème de la dysmorphophobie ?
M. D. Je me souviens très clairement de cette période de transition, quand le corps grandit alors que l’esprit n’est pas encore tout à fait prêt. J’ai mis beaucoup de temps à m’en sortir et à accepter que ce rejet que je faisais de moi, de mon enveloppe, ne devienne pas une finalité. Pour moi, ce texte, c’est presque une manière de pardonner l’adolescente que j’étais, en mettant des mots sur un traitement injuste et odieux que je m’infligeais toute seule. Cette histoire, c’est la mienne et celle de tout un tas d'adolescents à qui on a appris qu’il fallait tendre vers une certaine forme de corps et de beauté.
Les écrans et leurs filtres offrent à Victoire une image lissée d’elle-même, au point que cela devient nocif pour sa santé mentale. Serait-ce là un message d’alerte pour vos lecteurs ?
M. D. Je fais toujours attention à ne pas être trop dogmatique dans mes romans. Dès lors, ce n’est pas tant un message d’alerte que le partage d’une expérience personnelle autour de ces questions, qui m’ont moi-même perdue, alors que j’avais passé les 30 ans. Ce sur quoi j’alerte, c’est sur le self-harm qui peut prendre bien des formes et qui ne sont pas toutes visibles.
Votre roman contient des sujets sensibles et pourtant, je n’ai pu m’empêcher de rire à maintes reprises ! En quoi l’humour est-il important pour vous ?
M. D. L’humour pour moi est un outil narratif incroyablement sous-coté ! On peut faire passer un panel de sentiments avec une puissance folle via une touche d’humour ! Je trouve de plus que la situation ambiante est assez anxiogène comme cela. Je m’efforce donc de faire passer un bon moment à mes lecteurs, tout en parlant de sujets importants et sensibles !
Les vendanges font sortir Victoire de sa solitude et lui permettent de faire des rencontres inoubliables qui changeront sa vie. Est-ce une expérience que vous avez vécue ?
M. D. Pas personnellement et je le regrette grandement ! À cette époque de ma vie, j’ai fait le choix de me réfugier dans le virtuel, en me plongeant dans les jeux vidéo ! Mais le choix des vendanges s’est fait naturellement : je me souviens de copines au lycée qui en revenaient métamorphosées, comme si leur rapport au futur était d’un coup réévalué. J’ai toujours trouvé ça fascinant, moi qui suis toujours dans la projection ou dans l’introspection. Une espèce de carpe diem alsacien au goût de bretzel !
L’acceptation et la résilience ont une place centrale dans votre roman, tout comme l’amour et l’amitié. Diriez-vous qu’ils constituent un remède efficace contre les maux ?
M. D. Au-delà du remède en soi, je pense qu’il s’agit d’étapes indispensables pour aller vers un mieux-être ! Les personnes dont on s’entoure, la manière dont on va gérer les difficultés qui vont se dresser face à nous font aussi partie de la thérapie. Je pense que c’est là que se trouve la magie de la vie : dans la découverte de nos propres valeurs qui vont guider nos choix. Là où les choses se compliquent, c’est quand il faut ensuite les assumer. Je pense que c’est là aussi que la littérature a son rôle à jouer : montrer des futurs possibles, mettre sur le papier certains cheminements de pensées ou certains écueils auxquels on peut se trouver confronté.
Ce n’est pas facile d’avoir 17 ans. Victoire est complexée par les changements de son corps. Elle porte des vêtements larges pour se camoufler et sèche les cours pour échapper au regard des autres. Elle préfère mener une vie sociale virtuelle et se regarder à travers les écrans. Mais tout change le jour où ses parents l’envoient faire les vendanges. Elle y fait la connaissance des Conscrits, avec qui elle se lie d’amitié, et du beau et tumultueux Gaëtan, meurtri par la mort de son frère. Très vite, ces rencontres mènent Victoire vers l’acceptation et la résilience : quoi de mieux que l’amour et l’amitié pour surmonter les épreuves de la vie ? Un roman positif empli d’espoir et d’humanité.