Jeunesse

Elles courent, elles courent les comptines

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LC

✒ Laëtitia Cador

(Librairie Maison du livre Rodez)

Olivier Douzou et Frédérique Bertrand n’en sont pas à leur première collaboration, et le fruit de leur rencontre est toujours épatant. Lui au texte, elle aux illustrations, c’est avec fantaisie qu’ils transmettent aux plus jeunes le goût des mots et des images, en se renouvelant continuellement.

Depuis leur premier livre On ne copie pas (Le Rouergue, 1998), jusqu’à la collection des « Comptines en continu », en passant par Pierre et le l’ours (MeMo, 2007) où ils revisitent le conte musical de Prokofiev, ces auteurs complices ne cessent de nous surprendre. Selon eux, le processus de création se fait dans l’amusement, en plaisantant sur une idée ou pour répondre à la demande farfelue d’un enfant. C’est souvent ainsi que leurs livres naissent : Le Petit bonhomme pané (Le Rouergue, 2011) est de ceux-là. Il n’est pas étonnant que de grands enfants comme eux consacrent une collection à un genre littéraire qui s’adresse en premier lieu à la petite enfance. Les comptines existent depuis la nuit des temps, qu’elles soient récitées, chantées, mimées, c’est le rythme et la fantaisie qui priment. À l’automne 2012, quatre titres de la collection « Les Comptines en continu » ont donc vu le jour, livrés dans un charmant présentoir : Poney, Teckel, Ours et Minou, de jolis livres tout en carton, numérotés sur le dos de 1 à 4. Sur la dernière page, le héros du livre à venir fera toujours une apparition. Ainsi, la conclusion se déguise en introduction. Sur chaque quatrième de couverture, les personnages des comptines déjà parues s’invitent et se retrouvent en famille ; ici on ne se répète pas, on accumule. Et comme rien n’est laissé au hasard, les premières de couverture collées les unes aux autres (dans l’ordre !) forment une image en continu où les protagonistes se suivent dans une procession colorée. Mais où vont-ils ? Dans le numéro quatre de la collection, Minou guette une truite… et c’est tout naturellement que le numéro cinq lui est consacré. Truite a pour vocation de nous apprendre à compter à sa manière : « un et deux font dun, deux et trois font drois, quatre et huit font huître »… et ainsi de suite. Les auteurs renouent avec la comptine à compter, en la détournant avec ironie parce que c’est plus amusant. Zignongnon, c’est le double de Oui-Oui, mais il fait tout à l’envers, les sourcils froncés, les joues rouges, les bras croisés et la moue boudeuse. Dans le texte, quand on lit « oui », il faut lire « non ». Et inversement, soit : « c’est innon ce qu’il est trogoui ce zignongnon ! » Frédérique Bertrand maîtrise l’art de composer les images tant au niveau de la construction qu’au niveau des couleurs. Quant à Olivier Douzou, il jongle avec la langue : rimes, allitérations, assonances et onomatopées n’ont pas de secret pour lui. Ces histoires savoureuses sauront réjouir les tout-petits et les plus grands. Elles peuvent sans complexe enrichir le répertoire de nos traditionnelles comptines.