Littérature française

Olivier Adam

Tout peut s'oublier

illustration

Chronique de Maria Ferragu

Librairie Le Passeur de l'Isle (L'Isle-sur-la-Sorgue)

À quel moment l’impensable devient si insurmontable qu’il est préférable d’oublier ? Olivier Adam explore avec beaucoup de délicatesse la situation d’un père confronté à la fuite de sa femme avec son fils.

Divorcés depuis quelque temps, Nathan et Jun ont opté pour la garde alternée de leur fils Léo, 5 ans. Mais quand un jour Nathan arrive chez son ex-femme, il découvre l’appartement vide, sa boutique fermée et il comprend qu’elle n’est pas seulement partie pour quelques jours mais qu’elle a disparu au Japon, son pays d’origine et qu’elle a emmené leur fils avec elle. Nathan se lance alors dans une course contre la montre pour tenter de retrouver son enfant. Mais ce qu’il va rapidement découvrir, c’est qu’au Japon, dès lors qu’un étranger a divorcé d’un ou d'une Japonaise, il perd tous ses droits en tant que parent. Après un premier voyage infructueux, mais qui ne sera pas le dernier, il est de retour en Bretagne où il habite et gère un cinéma indépendant. Alors que la basse saison a chassé les touristes, le petit immeuble en bord de mer où il réside n’abrite plus que quelques résidents à l’année. Il se rapproche de sa voisine, Lise, qui est, elle aussi, privée de son enfant. Celui de Lise s’est radicalisé, ne veut plus voir ses parents qu’il juge mous, sans conviction politique. Désormais, les seuls moments où Lise peut espérer le voir sont sur les images de manifestations où elle tente de repérer, parmi « les casseurs », le visage du jeune homme en colère que fut son fils. Olivier Adam est toujours juste quand il raconte les tragédies intimes, quand il dénoue les fils du passé pour mieux revenir au présent. IL nous embarque dans un drame familial puissant dont il explore avec beaucoup de bienveillance et de mélancolie l’évolution. Bien que l’issue semble assez sombre, bien que le sentiment d’injustice nous étreigne souvent, il nous offre pourtant un roman dont la force de résilience résonnera longtemps en nous. Tout peut s’oublier ? Sûrement pas, mais on apprend à vivre avec, et c’est déjà beaucoup !

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