Straff

Dans Straff, Ann-Helén Laestadius nous emmène à nouveau à la rencontre des Samis, un peuple nomade connu pour son élevage de rennes. Dans les années 1950, la Suède interdit l'accès à l'école municipale aux enfants Samis. Désormais, ils ont l'obligation d'aller dans des internats où l'enseignement n’est dispensé qu'en suédois et doivent laisser derrière eux leur culture et leur langue natale. Nous suivons Elsa-Maj qui n’a que 7 ans lorsqu'on la retire de sa famille pour l'envoyer dans l’une de ces pensions. Là-bas, elle rencontre d'autres enfants : Jon-Ante, Marge, Ann-Risten et Nilsa. Tous sont contraints de renier leurs origines sous peine de se voir infliger de sévères châtiments par la cruelle directrice. Alors qu'ils grandissent et que chacun trace son propre chemin, leur enfance les hante. Comme une tâche sous leurs vêtements, les blessures de leur passé ne disparaissent jamais tout à fait. Ces enfants ont tant souffert qu'arrivés à l'âge adulte, ils ne parviennent pas à parler de leurs traumatismes. Ils devront cependant réagir et alerter leurs congénères quand leurs bourreaux reviendront dans leurs villages. Ce roman est bouleversant. Une pierre apportée à l'édifice contre l'oubli. La force d’Ann-Helén Laestadius, c'est son talent de conteuse. Elle manie les mots simplement et parvient à nous immerger totalement dans son récit. Elle insère dans son texte des termes samis et apporte des éclairages sur leurs us et coutumes, ce qui donne au roman toute sa consistance. Straff est une œuvre absolument déchirante qui retrace une enfance volée, un passé douloureux pour l'ensemble d'un peuple, doublé d’un hommage à la culture et aux savoirs-faire des Samis. Si c'est la rage et la colère que l'on retient de Stöld, Straff fait partie de ces livres qui vous marquent et vous bouleversent longtemps.