Littérature française

Nicolas Idier

Matignon la nuit

✒ Benoît Lacoste

(Librairie Aux feuilles volantes, Saint-Paul-lès-Dax)

C’est la dernière journée à Matignon pour le narrateur, « sous-plume, comme il y a des sous-mains. Un bout de plume et demain, un vestige de plume. » Son départ se fera « sans tremblement, sans le moindre frémissement », tant il n’a « presque rien pesé dans l’organisation sans faille du cabinet du Premier ministre ». Alors qu’il range ses affaires, un bandeau rouge en grosses lettres vient perturber ses plans : « PAS DE CALAIS : DES MIGRANTS ENVAHISSENT UN CHAMP D’ÉOLIENNES ». La tâche du discours lui est confiée. C’est le début d’une nuit inoubliable qui ne s’achèvera qu’à 7h le lendemain, une longue insomnie au cœur même du pouvoir avec voyant, marabout, saké junmai, René Leÿs, Alain Robbe-Grillet ou Philippe Sollers. L’écriture est vive et littéraire. Les phrases sont élégamment construites. Nicolas Idier met en lumière les invisibles, il réhumanise la politique. Très romanesque, Matignon la nuit est un récit qui se lit d’une traite.

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