Essais
Léane Alestra
Les Vigilantes

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Léane Alestra
Les Vigilantes
JC Lattès
09/04/2025
20,90 €
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Chronique de
Ophélie Drezet
Librairie La Maison jaune (Neuville-sur-Saône) -
❤ Lu et conseillé par
5 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Christelle Chandanson de Elkar (Bayonne)
- Ophélie Drezet de La Maison jaune (Neuville-sur-Saône)
- Jean-David Henninger de La Marge (Haguenau)
- Élise Guillaume de Arborescence (Massy)

✒ Ophélie Drezet
(Librairie La Maison jaune, Neuville-sur-Saône)
Léane Alestra tente d’expliquer, dans cet essai minutieusement étayé, pourquoi les idéologies conservatrices (fondamentalement contre les droits des femmes) trouvent de plus en plus d'échos dans des populations féminines.
Aux dernières élections européennes, les femmes ont autant voté que les hommes pour le Rassemblement national. Et notre pays n’est pas une exception : il suffit de regarder les États-Unis. Elles sont aussi parfois à la tête de ces partis conservateurs. En réalité, ces dernières ne sont pas des anomalies : les femmes engagées dans l’extrême droite sont même la clé de voûte de cette idéologie. Elles incarnent une forme d’ambiguïté dans les partis qu'elles défendent, en prenant du pouvoir mais en ne bousculant jamais les valeurs dominantes. Leur discours est séduisant avec une modernité de façade, une promesse de sécurité et le retour à un passé idéalisé. Mais ce n’est là que de la rhétorique. Nous savons que notre société occidentale est fondée sur l’exclusion de l’autre (le colonialisme et l’antisémitisme en sont, entre autres, des exemples historiques) et une hiérarchisation des genres. Et comprendre le rôle de ces femmes, c’est comprendre comment le nationalisme exploite une prétendue naturalité dans les rôles sociaux pour se donner des airs d’évidence. Certaines femmes ne se considèrent donc pas comme victimes du système et s’engagent avec ardeur dans une idéologie réactionnaire qui certes leur impose des contraintes rigides sans améliorer leur qualité de vie, mais leur offre un semblant de pouvoir dirigé vers des cibles compatibles avec les valeurs conservatrices. Alors que faire maintenant ? Nous ne devons pas rester dans ce repli sécuritaire érigé sur le récit d’un passé figé. Il est temps d’affirmer que la sécurité se construit à plusieurs en bâtissant des alliances transversales et horizontales, que les identités genrées doivent être bousculées, que les familles peuvent se construire sur la coopération et le collectif hors d’un cadre normé. Une autre voie est possible : nous pouvons la prendre maintenant !