L’avènement des cocottes n’est que l’un des multiples épisodes de la longue tradition des plaisirs cultivés par les Parisiens. Un épisode il est vrai radieux, dont rend compte avec bonheur Catherine Guigon. Si l’auteure fait œuvre d’historien en dressant un tableau précis du contexte politique, social et culturel de la Belle Époque, son parti pris de privilégier une approche romanesque pour décrire les trajectoires de ces courtisanes de haute volée donne au sujet encore plus de saveur. Parmi les 80 000 prostituées qui battent le pavé parisien à la fin du XIX^e siècle, les cocottes occupent une place à part, celle d’une sorte d’aristocratie du plaisir dont la chronique se nourrit d’amants ruinés, de suicides et de caprices extravagants, en comparaison desquels les frasques actuelles des nouveaux-riches russes et chinois, pourtant inventifs en la matière, passeraient presque pour de la mesquinerie.