Polar

Jérôme Leroy

L’Ange gardien

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photo libraire

Chronique de Hélène Woodhouse

Librairie Le Bateau Livre (Lille)

Jérôme Leroy signe un nouveau roman policier très engagé, qui s’inscrit dans la lignée de son précédent (Le Bloc, Folio) et dont l'intrigue se situe quelques années avant l'arrivée au pouvoir du Bloc Patriotique.

« On veut tuer Berthet. C’est une assez mauvaise idée. » Cette accroche, qui ouvre chaque chapitre de la première partie du roman de Jérôme Leroy, donne le ton. Entre humour et violence, entre banalité et sensationnel. Car Berthet n’est rien de moins qu’un tueur aguerri, membre âgé et émérite de L’Unité – cette entité qui, visiblement, a décidé de le supprimer. Mais Berthet n’a pas dit son dernier mot : il a encore quelqu’un a protéger et ses mémoires à écrire. Car oui, on peut être une machine à tuer (il se demande même parfois si certaines missions ne sont pas de « fausses » opérations pour tester son obéissance), tout en ayant une âme de bon samaritain et le goût de la poésie. Alors, depuis qu'il a croisé une beauté franco-sénégalaise issue d’une cité de Roubaix et dénommée Kardiatou Diop, il n'a de cesse de veiller sur elle. Celle-ci est devenue le jeune espoir d'un gouvernement de gauche en crise et se retrouve propulsée sur le devant de la scène alors qu'elle fait campagne pour la mairie de Brévin-les-Monts face au Bloc patriotique, un parti d’extrême droite. Berthet, qui pressent le piège dans cet affrontement bien trop médiatisé, se demande avec raison quelle manipulation sordide l’Unité a en tête. Le voilà contraint d'affronter ses anciens collègues, privé de ses appuis habituels et ne pouvant faire confiance à personne. Encore que... Peut-être que cet ancien enseignant, qui a eu Kardiatou comme élève et écrit maintenant des romans policiers et de la poésie, pourrait l'aider ?
Dans une France troublée, en mal de repères, Jérôme Leroy imagine un conflit politique qui résonne parfaitement juste au regard de la situation actuelle. Reste qu’entre roman et réalité, le pire n’est pas toujours où l’on pense – en tout cas, pas d’ange gardien en vue de ce côté-ci !