Littérature étrangère

Ann Patchett

La Maison des Hollandais

  • Ann Patchett
    Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hélène Frappat
    Actes Sud
    06/01/2021
    310 p., 22.50 €
  • Chronique de Alain Derey
    Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)
  • Lu & conseillé par
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Chronique de Alain Derey

Librairie Sauramps Comédie (Montpellier)

Comment ne pas éprouver de la sympathie pour cette auteure américaine qui a décidé d’ouvrir une librairie à Nashville afin de maintenir la transmission de la culture par le livre ? Le talent est en plus au rendez-vous du nouvel ouvrage de cette romancière qui n’en est pas à son coup d’essai.

Une maison de maître avec dépendances, bâtie dans les années 1920 dans un style néo-classique, au milieu d’un gigantesque terrain qui semble la préserver autant que la désigner aux regards des habitants d’une banlieue de Philadelphie. La trame romanesque se noue autour de cette maison emblématique et pittoresque, figure de proue de notre histoire. Tous les signes de l’opulence et de la réussite économique sont réunis. Pourtant la Grande Dépression n’épargnera pas les propriétaires qui, après avoir vendu les terrains, seront contraints de se séparer de la bâtisse. Cette maison des Hollandais pourrait cependant devenir le foyer d'une lignée, dans la tradition anglo-saxonne d’un Dickens, à travers son acquisition par une famille qui semble incarner toutes les vertus. Il n’en sera rien et la séparation du couple sera les prémices d’une plus grande douleur. L’apparition dans cette maison d’une inconnue, que le père épousera, conduira au désastre. À la mort de leur père, les enfants seront dépossédés, privés de ce qui est bien plus qu’une simple maison. À travers cette saga familiale, somme toute et malheureusement trop fréquente, c’est aussi l’histoire d’une relation privilégiée entre un frère et une sœur qui se soutiennent sans toujours se comprendre et qui développent l’un pour l’autre une véritable tendresse et un soutien indéfectible. Ce roman s’inscrit dans la lignée des grands classiques de la fin du XIXe siècle. Ce n’est peut-être pas tout à fait innocent si Henry James est évoqué à travers Le Tour d’écrou, récit d’une maison hantée. Dans un autre roman, Orange amère, Ann Patchett était apparue comme une romancière au talent très affirmé. Elle le confirme désormais et ses lecteurs, j’en suis persuadé, seront dans l’attente de son prochain roman.