Littérature étrangère

Angelika Klussendorf

La Fille sans nom

photo libraire

Chronique de Coline Hugel

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La maltraitance ne connaît aucune limite, ni de lieu, ni d’époque, ni de milieu social. Elle a toujours existé et elle existera malheureusement toujours. Réussir à se construire quand on est mal aimé, ça vous forge un sacré caractère…

Elle a 12 ans, son frère Alex en a 6. Elle vit en Allemagne de l’Est à l’époque où un mur scindait le pays et l’Europe en deux. Elle habite avec sa mère, alcoolique, mauvaise, méchante, violente, abandonnée, malheureuse. Une de ces personnes qu’on ne voudrait jamais rencontrer, une de ces personnes comme il en existe tant, hélas. Elle, elle vit comme elle peut. Quand la pression est trop lourde, elle se venge sur son petit frère. Elle vole de la nourriture quand sa mère la fiche dehors et qu’elle n’a rien à manger. Elle s’invente une cabane dans la forêt, un endroit paisible où rien ne pourra l’atteindre. Son autre refuge, ce sont les livres. Là, elle peut s’échapper, rêver, oublier ce qui l’entoure : « la joie est quelque chose d’important dans sa vie. Elle est heureuse quand tout est calme dans l’appartement et qu’elle lit, allongée sur sa couche. » Elle, c’est une fille sans nom, c’est une fille que personne n’aide, c’est une fille qui doit grandir seule. Ils sont nombreux les enfants dans ce cas. Beaucoup trop nombreux. Certains s’en sortent, certains sont accompagnés, d’autres y laissent leur peau. Il faut lire La Fille sans nom pour ne pas les oublier.

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