Jeunesse

Gilles Abier

J’me sens pas belle

illustration

Chronique de Coralie Sécher

Librairie Coiffard (Nantes)

Sabine ne se sent pas belle. À presque 20 ans, elle trouve toujours quelque chose à redire à son physique et ne voit pas comment elle pourrait plaire aux garçons. Jusqu'au jour où elle rencontre Ajmal.

20 mai 2010, on frappe à la porte du studio de Sabine et Ajmal. Réveillés en sursaut, ils sont emmenés au commissariat et Ajmal, sans-papiers, est incarcéré toute la journée avant d’être transféré au centre de rétention. L'attente est longue pour Sabine. C'est l'homme de sa vie qui risque de retourner en Afghanistan. Quelques semaines plus tôt, Sabine rencontre Ajmal dans un supermarché. Dès qu'elle l'aperçoit, elle est persuadée que ce sera lui, l'homme de sa vie. Seulement, comment cet homme au physique parfait et au sourire ravageur pourrait s'intéresser à elle ? Pourtant, Ajmal l'aborde et lui propose même de boire un verre. Effrayée par cette initiative, elle bredouille une réponse positive et tombe complètement sous le charme du beau Ajmal dès ce premier rendez-vous. Mais la rencontre entre ce jeune homme d'origine afghane et la famille de Sabine est explosive. Ajmal s'exprime plutôt mal en français alors il parle en anglais, ce qui énerve le père de Sabine. Après ce dîner de présentation, tous les prétextes sont bons pour mettre Ajmal à la porte. Une fois le petit ami dehors, le père de Sabine la met devant un dilemme : choisir entre Ajmal et sa famille. Pour Sabine, la réponse ne se fait pas attendre... Peu à peu, le père de Sabine revient vers elle et les laisse même s'installer dans le studio, au fond du jardin. La vie est douce pour les deux amoureux jusqu'au jour où les coups de la police retentissent à la porte. Quelqu'un a dénoncé la situation illégale d'Ajmal. Mais qui ? Un parallèle réussi entre le mal-être d'une jeune Française et l'histoire difficile d'un jeune Afghan qui fuit la guerre dont son pays est la proie en laissant sa famille derrière lui. Un livre bouleversant sur la précarité des sans-papiers et sur leurs relations souvent décriées avec des Françaises.

Les autres chroniques du libraire