Qui n’a jamais eu la tentation de faire un break, un vrai, dans sa vie ? De planter sa famille, son travail, sa vie sociale et ses obligations pour aller s’isoler et faire le point ? Véra, notre héroïne, franchit ce pas.

Bon, il faut avouer qu’elle n’a pas vraiment eu le choix. Notre trentenaire a eu en effet quelque temps auparavant, alors qu’elle était la conductrice, un grave accident de la route qui lui a laissé des séquelles (crise de narcolepsie et perte de mémoire notamment). Et surtout, qui a tué sa mère. Alors Véra culpabilise, s’enfonce dans la dépression, se bourre de psychotropes en tout genre et doit supporter la pitié de son entourage, entre une sœur étouffante, un père silencieux et un petit ami trop parfait. Un jour, Véra en a assez : elle prend ses cliques et ses claques et part se terrer dans un chalet au fin fond du Jura que lui prête un ami ignorant tout de sa descente aux enfers. Là, dans un confort relativement spartiate, entourée d’une nature belle et sauvage, Véra décide de reprendre sa vie en main : elle se sèvre de ses médicaments, raréfie les contacts avec ses proches, se force à des balades dans la montagne pour remplacer ses séances de kiné… Mais, peu à peu, à mesure qu’elle se recentre sur elle et ses désirs profonds, elle prend conscience de son entourage. L’atmosphère est lourde dans le village : tout le monde attend la neige qui l’isolera encore plus du reste du monde. Et puis, qui est ce voisin taciturne et sombre, qui lui tend un moment la main pour mieux la retirer ensuite ? Il semble lui aussi avoir mis sa vie en stand-by. Et pourquoi certaines personnes et certains signes lui disent de fuir, de partir, de rentrer chez elle. Qui croire ? Que croire ? La neige finira par tomber mais pas comme on s’y attendait. Le manteau blanc qu’elle déposera sur le paysage sera-t-il purificateur et libérateur ? Dans une ambiance ouatée et avec une écriture pure, Christine Desrousseaux nous livre un roman sombre mais salvateur.