Littérature étrangère

Mariusz Wilk

Dans le sillage des oies sauvages

photo libraire

Chronique de Justine Fredez

Librairie L'Atelier (Paris)

Un vagabondage perpétuel et profondément vital où l’essence de la vie humaine est à chercher dans les mouvements migratoires.

Il pourrait s’agir d’une flânerie matinale dans une ville de Russie, d’un voyage sur les traces de Kenneth White au Labrador, d’un journal tenu aléatoirement dans une maison sans eau courante perdue au fond d’un hameau de l’Outre-Onega… Mais Mariusz Wilk, dans une langue ramenée à l’essentiel, livre une réflexion en perpétuelle évolution sur la façon d’être au monde, d’y « faire souche » tout en se tenant à l’écart de l’agitation contemporaine, parfois oublieuse du vrai sens. Plus intellectuel que géographique, plus spatial que temporel puisqu’il voyage depuis sa fenêtre et qu’il refuse la dictature des dates en lui préférant le cycle des saisons, le nomadisme de Mariusz Wilk est une recherche de cet « oum » du Nord, un état d’esprit laissé vacant pour devenir le réceptacle du monde extérieur. Le sentier de sagesse qu’ouvre ce livre-trésor est long et délectable. Il est fait de paysages grandioses et de rencontres littéraires, et plus on le foule, plus la réalité de la lecture semble vouloir se confondre avec le lieu et l’instant de l’écriture. Mais en véritable contemplateur de l’intimité du monde, Mariusz Wilk force à une nécessaire et fondamentale remise en question de notre rapport à la Terre.

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