Jeunesse Dès 15 ans
Élodie Chan
Celle qui rêvait des tigres
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Élodie Chan
Celle qui rêvait des tigres
Sarbacane
02/01/2025
224 pages, 15,50 €
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Chronique de
Claire Chanvry
Librairie La Cavale (Montpellier) -
❤ Lu et conseillé par
9 libraire(s)
- Céline Bouju de La Chapelle-Saint-Aubin (La Chapelle-Saint-Aubin)
- Alexiane Tayot de Les Trois Brigands (Toulon)
- Liévine Serieye de Maison du livre (Rodez)
- Célia Ribette de Rêv'en Pages (Limoges)
- Elora Quendez de Le Livre à venir (Saumur)
- Catherine Vialle de Le Partage des mots (Villenave-d'Ornon)
- Marjolaine Heissat de Quantin (Lunéville)
- Justine Vieux de Grangier (Dijon)
- Claire Chanvry de La Cavale (Montpellier)
✒ Claire Chanvry
(Librairie La Cavale, Montpellier)
Celle qui rêvait des tigres est une aventure japonisante, onirique et mystérieuse, un récit initiatique porté par deux jeunes rêvant d’un monde meilleur. Il y sera question de s’ancrer, de muer, de grandir.
Kishi vit à Sel, village aux odeurs d’iode et de poisson séché. Waban vit à Fange, village aux odeurs de vase et de soufre. Au milieu se dresse une forêt, frontière végétale entre deux populations qui ne se croisent pas. Qui plus est, cette forêt-repère est hantée par les Oni Yama, des sorcières légendaires. Elles sont sauvages et puissantes, elles hurlent et dévorent, elles font peur ou penser à des créatures mythologiques : une communauté où la sororité s’est développée en réponse à la brutalité des hommes. Nous y trouverons aussi un tigre. Les deux protagonistes cités plus haut sont, quant eux, viscéralement investis d’une quête. Kishi est arrivée au village de Sel enfant, avec sa sœur, et aimerait connaître ses origines, retrouver celle qui l’a mise au monde. Waban, lui, vit avec ses parents et veut fuir le destin tout tracé qui intime aux hommes de travailler à la mine où le soufre s’infiltre dans leurs poumons et les tue à petit feu. Le récit se construit autour de ces deux jeunes voués à se rencontrer. L’autrice nous fait passer de l’une à l’autre, dans un rythme enlevé et envoûtant. Il est beaucoup question de fuites et de destins tragiques, néanmoins les personnages, dans leurs espoirs et leur détermination farouche, rendent l’histoire lumineuse. Écrit en vers libres, le texte prend très vite des allures de conte, d’histoire légendaire transmise oralement, au coin du feu, depuis la nuit des temps. De celles qui laissent entendre les hurlements des femmes, la violence des hommes et le bruissement des bambous. Le découpage en chants rappelle les récits d’aèdes quand les Oni Yama en convoquent les sirènes. La langue est utilisée comme médium, dure, crue, sensuelle ou poétique, pour appeler des sensations et émotions variées, physiques. Un bel objet-livre à mettre entre les mains des jeunes qui s’affirment.