Jeunesse

Yves Grevet

Seuls dans la ville

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photo libraire

Chronique de Cécile Babois

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Après l’indéniable succès de la trilogie Méto, Yves Grevet nous emmène dans un autre univers, 
celui d’un roman policier à la forme très originale 
et dans lequel on se prend au jeu des mystères. 
Un vrai régal de lecture.

PAGE : Vous a-t-il été facile de vous remettre à écrire après la trilogie Méto ?


Yves Grevet : Je ne reste jamais sans écrire. Quand j’ai terminé le dernier tome de Méto, je me suis senti tout drôle, comme lorsqu’on quitte pour toujours des amis et des lieux qu’on a aimés. La seule façon de sortir de cette situation, c’est de se lancer dans une nouvelle aventure. Je me suis donc, après quelques jours de repos, mis à la rédaction d’un roman court pour le magazine Je Bouquine. Je me suis ensuite replongé avec délice dans le manuscrit de Seuls dans la ville, que j’avais commencé en 2007 pendant une pause à la fin de la rédaction du premier tome de Méto.


 

P. : Vous savez rebondir et prendre des risques, mais n’aviez-vous pas peur de décevoir vos lecteurs en changeant de genre ?

Y. G. : On a toujours des doutes lorsqu’on se lance dans un nouveau roman, mais très vite, on se laisse embarquer. Et puis devais-je immédiatement enchaîner avec un nouveau grand roman d’aventure, prenant le risque de me répéter ou de passer à côté de mon sujet ? Après Méto, j’avais envie d’autre chose, de surprendre, et ce roman à énigmes était exactement ce qu’il me fallait. De plus, c’était un roman très excitant à rédiger parce que je m’aventurais en terrain inconnu. C’était la première fois que j’utilisais des épisodes de ma vie personnelle. La quasi-totalité des personnages sont directement inspirés par mes condisciples du lycée. Certains épisodes sont authentiques : j’étais par exemple un des trois membres fondateurs du club de « bouffeurs de gâteaux ».


 

P. : Pourquoi avoir choisi un roman policier à énigmes en recourant à cette façon originale de construire le récit ?


Y. G. : Depuis l’adolescence, je suis très amateur de romans policiers à énigmes comme ceux d’Agatha Christie. Mais c’est un genre qui m’intimide, et je n’aurais jamais tenté d’en écrire un si je n’avais pas trouvé cette idée. L’utilisation dans la narration de différents types de textes est un procédé que je trouve souvent pertinent. Je crois qu’expérimenter différentes formes littéraires participe pour moi du plaisir d’écrire.


 

P. : Vous avez dû vous amuser à écrire toutes ces dissertations. Vous mettre dans la peau d’ados vous a plu ?


Y. G. : Ce fut en effet un grand moment de jubilation. Il y avait pour moi une part de jeu et de défi : écrire vingt-cinq copies utilisant à chaque fois un style différent. Je me suis aidé de mes photos de classe de lycée en me demandant parfois : et lui, comment aurait-il répondu à la consigne de la prof ? Je n’ai pas forcé le trait et certains personnages, qui peuvent apparaître comme caricaturaux, sont en fait très proches de leurs modèles.


 

P. : L’adolescence avec ces différentes facettes ainsi que les liens familiaux sont des thèmes assez récurrents dans vos livres, c’est quelque chose qui vous touche ?


Y. G. : L’adolescence est un moment fascinant de l’existence où tout semble encore possible, où l’insouciance demeure, mais où on sent aussi poindre les premières responsabilités. C’est un champ infini d’exploration. Les liens familiaux sont quant à eux vraiment au centre de mon inspiration. Je ne sais pas précisément pourquoi ces thèmes sont récurrents dans mes livres, mon enfance fut très heureuse. Peut-être, faudrait-il chercher du côté de mon expérience professionnelle ?


 

P. : Quel message voulez-vous faire passer à travers vos livres ?


Y. G. : Je ne commence pas un livre avec la volonté première de faire passer un message. J’écris avant tout pour entraîner mon lecteur dans une aventure, susciter des émotions et faire découvrir des univers. Ceci étant, je partage les idéaux de solidarité et de résistance de mes héros ainsi que leur désir de vérité.


 

P. : Vous écrivez un livre par an, êtes-vous déjà dans la rédaction d’un nouveau roman ? Peut-être avez-vous des indices à nous livrer ?


Y. G. : J’ai un livre-jeu qui va sortir à la rentrée, aux éditions Après la lune. Je travaille actuellement sur un nouveau récit d’aventure qu’on lira peut-être courant 2012, s’il est prêt. Mais je ne veux pas en dire plus pour l’instant.

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