Littérature française

Carl Aderhold

Rouge

photo libraire

Chronique de Bénédicte Férot

Librairie Autour des livres (Lille)

Entre épreuve et traumatisme, Le Murmure des fantômes (Odile Jacob) cher à Boris Cyrulnik, pourrait être le sous-titre de ce roman haut en couleur, Rouge, qui narre la vie de famille de Carl.

À la mort de son père, Carl part vider la maison de celui-ci en compagnie de sa sœur. Les objets, les livres, les vieux numéros de L’Humanité et un certain cahier d’enfant vont lui exploser à la figure, ou plutôt le replonger dans des souvenirs qu’il pensait avoir cadenassés dans l’oubli. Nous voilà embarqués dans une folle épopée familiale qui s’étend sur tout le xxe siècle. Quatre générations d’Aderhold, où l’héroïsme de chacun de ces hommes n’est pas à la hauteur de leurs ambitions. Où la malédiction fait figure d’évidence à leur vie. Le tout sous l’étiquette et l’engagement du communisme dont l’évolution vers la décrépitude est impitoyablement retracée par le prisme de la relation entre Carl et son père, mais aussi à travers le regard de ses propres enfants. Carl, qui n’aura eu de cesse de vouloir répondre à l’attente de ce père. Servi par une écriture émouvante, tendre, parfois drôle ou cocasse, voire ubuesque, ce texte prend aux tripes. Les personnages attachants vivent en nous, ne nous quittent pas. Écrit avec les yeux d’un cœur qui peut enfin partager avec ses enfants, Rouge est à lire de toute urgence.

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