Jeunesse

Shaun Tan

La Chose perdue

illustration
photo libraire

Chronique de Claire Couthenx

Autre KUBE (MONTROUGE)

Il y a des artistes qui sont tellement doués, qu’il suffit de regarder un de leurs dessins pour être transporté ailleurs, dans cet imaginaire qui semble parler au vôtre, comme si l’un et l’autre se connaissaient depuis toujours. L’Australien Shaun Tan est de ces artistes. Chacun de ses livres est un événement, un bijou à conserver précieusement.

L’homme parle peu, se trouve petit et apprécie la solitude de son atelier. Pourtant Shaun Tan est un immense artiste qui a su conquérir le cœur du monde entier. Originaire de Perth, grande ville la plus isolée du monde, il a été élevé par des parents sensibles au monde de l’image qui l’ont toujours encouragé dans sa passion du dessin. Une discipline qu’il maîtrise dès l’âge de 5 ans. Après des études en beaux-arts et en littérature anglaise, il débute sa carrière d’artiste en se lançant comme créateur indépendant. Maîtrisant le trait autant que la narration, il n’a aucun problème à mettre en forme les multitudes d’histoires qui l’habitent. Il commence ainsi sa carrière d’auteur-illustrateur en 1999 avec la publication de La chose perdue qui, comme tout livre d’images, sera mis à disposition des enfants. Mais ce sont les adultes qui le rendent célèbre dans le monde entier après la publication de Là où vont nos pères (Dargaud, 2007). Parce que si Shaun Tan crée des livres d’images, il ne se sent pas cloisonné en se disant que ses récits doivent être essentiellement destinés à des enfants. Pour lui, le livre d’images est le meilleur moyen d’exprimer ses histoires et, dans son processus de création, elles ne sont destinées à aucune tranche d’âge en particulier. À ses yeux, « les images sont conçues en étant dessinées ». C’est ainsi qu’il arrive à trouver le point de départ de ses histoires. L’Oiseau Roi vous permet d’être au cœur de son cheminement créatif. Tout ce travail de croquis et de recherche est le « terreau » fertile de récits plus élaborés. Et c’est d’ailleurs un de ces dessins qui a été la base de La chose perdue, ce récit si touchant parlant d’un être non identifiable, mi-poulpe mi-cafetière, qui est repéré du coin de l’œil par un jeune collectionneur de capsules. Le seul à la voir vraiment parce qu’il est le seul à ne pas « s’intéresser à des choses beaucoup plus importantes ». Et vous vous amuserez en regardant le DVD inclus dans l’album, splendide adaptation en film d’animation primé aux Oscars en 2011, où évoluent les personnages croisés dans les pages de L’Oiseau Roi. Les auteurs-illustrateurs de cette qualité sont rares, mais leurs œuvres sont de celles qui vous suivent toute une vie et qui transcendent les générations.