« C’est peut-être ce qui nous sépare des animaux, cette incapacité à vivre simplement en suivant nos instincts, ce besoin de devenir qui nous aimerions pouvoir être. » Deb est une scientifique passionnée par l’Antarctique et par les manchots. Elle enseigne la moitié de l’année à l’université et passe l’autre moitié sur le terrain, entre banquise et icebergs, où elle accompagne des touristes en croisière, en marge de ses recherches. C’est là qu’elle rencontre Keller, qui est alors à un tournant de sa vie. Il va l’accompagner et se passionner lui aussi pour cette terre et les animaux qui l’habitent. Ils se retrouveront chaque année, construisant progressivement une relation qu’ils ne recherchaient ni l’un ni l’autre. Mais cette année, on sait dès le début que les choses ne se passeront pas comme prévu. Midge Raymond explore les personnalités de Deb et Keller, et dépeint ce continent difficile, dans une aventure humaine au service d’un sujet universel, la survie d’une terre et des espèces qui y vivent. Attachant, réchauffant, dépaysant et efficace.
Page — Les principaux personnages de votre roman sont l’Antarctique et les manchots. Vous les mettez en scène avec beaucoup de passion. Est-ce que c’est un sujet auquel vous pensiez depuis longtemps ?
Midge Raymond — Oui, l’Antarctique est dans mon esprit depuis 2004, quand je l’ai visité en tant que touriste. Je suis tombée amoureuse de ce continent et des manchots. J’ai écrit une nouvelle en 2005, et c’est là que le personnage de Deb est né. Puis au fil des années, l’histoire a évolué et est devenue un roman.
Page — Votre livre sort en France en même temps que le film Odyssée consacré au commandant Jacques-Yves Cousteau, qui a participé à la protection de l’Antarctique. Quelles ont été vos principales sources d’information ?
M. R. — J’aime le travail de Jacques-Yves Cousteau pour la protection des océans. Récemment, une merveilleuse nouvelle pour l’Antarctique est tombée : la protection d’une zone marine dans la mer de Ross, qui protègera la source d’approvisionnement en nourriture des manchots, aussi bien que des phoques, requins et autres animaux marins. En faisant des recherches pour le livre, j’ai beaucoup appris sur ce continent. Mes recherches se sont basées sur plusieurs sources : mes propres visites en Antarctique et en Argentine, où j’ai appris beaucoup sur les manchots, et les livres que j’ai lus, les échanges avec des scientifiques, les films sur le sujet…
Page — La narration s’articule autour de plusieurs unités de temps et de lieu. Pourquoi ?
M. R. — J’ai voulu que les lecteurs soient, dès le début, confrontés au naufrage du navire pour construire le suspense. J’aime les livres qui commencent avec un événement dramatique. Mais bien sûr, je savais que les lecteurs auraient besoin d’en connaître davantage sur les personnages et sur ce qui leur arriverait. J’ai décidé de naviguer dans le passé de Deb et dans sa relation avec Keller à travers les différents chapitres, en opérant des allers et retours dans le passé.
Page — J’ai récemment reçu un auteur qui a écrit un roman mettant en scène un contexte historique et psychologique marquant, mais dont la première préoccupation était que l’histoire d’amour qui constituait le cœur de son intrigue, fonctionne. Aviez-vous le même souci ?
M. R. — Oui, je savais que le livre devait raconter une belle histoire d’amour. Et parce que Deb et Keller se sont rencontrés en Antarctique, l’histoire est un peu plus compliquée qu’elle ne l’aurait été autrement. L’Antarctique est un endroit inhabituel pour vivre et travailler, et encore plus pour aimer. Mais pour Deb et Keller, c’est l’endroit qu’ils aiment le plus, et ça leur semble naturel. Deb est tellement passionnée par les manchots et par son travail en Antarctique, qu’elle ne pouvait tomber amoureuse que de quelqu’un qui aime l’Antarctique autant qu’elle. Quand elle rencontre Keller, c’est leur amour partagé pour ce continent qui les réunit. Ils découvrent ensuite qu’ils se ressemblent sur de nombreux autres points.