Nous allons tout d’abord buller avec l’album de Florian Pigé. On est au cœur de l’été et l’enfant est en vacances. Ses parents travaillent, il passe le plus clair de son temps seul, il dessine, il va à la boulangerie à vélo. L’enfant s’imagine alors chevauchant un dragon ou volant parmi les oiseaux. Florian Pigé signe un album tout en quiétude ; c’est la langueur d’un été qui se passe à s’ennuyer, un peu, mais pour ensuite mieux dessiner, jouer… Il réhabilite l’ennui au rang de belle valeur. Ce n’est pas une tare, au contraire, l’ennui laisse place à la créativité, au pouvoir de l’imagination. Ne chevauche pas un dragon qui veut ! Scrutons maintenant l’horizon avec l’album de Carolina Celas. On change de perspective à toutes les pages de son album au format généreux – 25 x 36 cm. On suit plusieurs personnages placés dans des situations variées mais c’est l’horizon qui doit retenir notre attention car il est au cœur du texte. Il est présent à chaque instant et en tout lieu, à travers des jumelles ou une fenêtre, depuis le bas de l’immeuble ou au cœur d’un tableau dans un musée. L’auteure nous fait plisser les yeux, prendre du recul, voir à travers des persiennes… tout cela grâce à un livre, c’est très fort ! Pour finir, enquêtons aux côtés d’Amanda Cœur. La nouvelle héroïne de Fanny Ducassé est en sérieux mal d’énigmes à résoudre et sillonne les allées d’une fête foraine quand tout à coup, elle repère un « soupçon de suspect » ! Ce point de départ irrésistible nous conduit à bord du Goéland radieux, un navire qui n’a rien d’une attraction en carton-pâte ! Fanny Ducassé a créé un décor de toute beauté et nous permet de le contempler à l’envi grâce à de belles doubles pages détaillées. Amanda brûle de savoir pourquoi son suspect ne se départ pas d’une mallette remplie de noyaux de cerises. Assistée de Séverin – son fidèle et élégant lézard –, elle découvrira leur provenance et son sens de l’observation aiguisé lui permettra aussi de lever une malédiction qui attristait les personnages. Le Goéland radieux voguera ensuite sous des cieux on ne peut plus lumineux !