Dans Perdre la Terre, Nathaniel Rich, journaliste américain, décrit de manière très documentée et détaillée le combat de ceux qui, dans les années 1980, ont tenté de faire prendre conscience au reste du monde de l’existence d’un réchauffement climatique. À l’époque, il apparaissait déjà impératif de stopper cette augmentation des températures, mais le problème fut ignoré par les puissants : les mesures, alors difficiles à envisager, n’auraient d’effets positifs que sur le long terme et seraient donc peu à même de servir aux hommes de pouvoir lors d’une prochaine élection. Nous assistons en coulisses à l’entrée difficile de l’écologie en politique à travers dix années de débats concernant le réchauffement climatique… et d’où aucune décision ne sortira jamais. L’Humanité en péril, de Fred Vargas, souligne aussi ce conflit entre l’urgence écologique et l’inaction politique. Le texte qui oscille entre essai, manifeste et guide pratique du consommateur, s’en prend aux gouvernements et aux lobbies qui travaillent à la désinformation de tous. Plus habituée aux romans policiers qu’aux essais, elle nous transmet le fruit de son enquête personnelle : faute de cadavre, elle déterre des informations inconnues du grand public. S’il peut être anxiogène de voir énumérés les désastres qui nous attendent, ils sont souvent suivis, en réponse, d’alternatives mises au point par les scientifiques d’une inventivité incroyable. Fred Vargas nous encourage également tous à agir, insistant notamment sur la nécessité à l’échelle individuelle de réduire sa consommation de viande, cause de la plus grande perte d’énergie et de ressources. Les deux ouvrages se rejoignent sur le temps qui manque. Nous ne pouvons plus éviter les catastrophes, seulement agir pour atténuer le pire qui se profile. Deux lectures inquiétantes mais nécessaires.