Bande dessinée
Suivez mon regard !
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Sacha Goerg
Le Sourire de Rose
Casterman, Arte éditions
01/01/2005
104 pages, 17 €
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Dossier de
Guillaume Boutreux
Librairie M'Lire (Laval) -
❤ Lu et conseillé par
4 libraire(s)
- Laurence Behocaray de I.U.T. Carrières sociales, Université (Tours)
- Claire Rémy
- James Hugueny de Apostrophe (Chaumont)
- Élodie Raymond de Charlemagne (Toulon)
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Pierre Maurel
Iba
Casterman, Arte éditions
01/01/2005
136 pages, 16 €
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Dossier de
Guillaume Boutreux
Librairie M'Lire (Laval) - ❤ Lu et conseillé par 2 libraire(s)
✒ Guillaume Boutreux
(Librairie M'Lire Laval)
Créée en 2013, la revue numérique Professeur Cyclope devient également une collection de bande dessinée « papier » avec deux premiers albums de haute volée, Le Sourire de Rose et Iba.
Professeur Cyclope, c’est avant tout le fruit de la collaboration entre la chaîne de télévision Arte et Silicomix avec une équipe de cinq auteurs de bande dessinée talentueux (Gwen de Bonneval, Brüno, Cyril Pedrosa, Hervé Tanquerelle et Fabien Vehlmann), ainsi qu’un staff technique. Depuis mars 2013, Professeur Cyclope propose de la bande dessinée en ligne sous forme de magazine mensuel. En plus de ceux cités ci-dessus, on y croise les plus brillants noms de la jeune garde de la bande dessinée francophone : entre autres, Anouk Ricard, Lisa Mandel, Laureline Mattiussi, Alexandre Franc, Marion Fayolle, Jimmy Beaulieu ou encore Marion Montaigne ou Morgan Navarro. Y officient aussi Pierre Maurel et Sacha Goerg. Ce sont d’ailleurs ces deux derniers auteurs qui voient leurs fictions numériques à présent conquérir les rayons des librairies avec la parution simultanée de Iba et Le Sourire de Rose sous forme de coéditions entre Arte éditions et Casterman. Avec l’arrivée de cette nouvelle et ambitieuse collection, d’aucuns verront sans doute la patte de Benoît Mouchart, ancien directeur artistique du festival d’Angoulême et nouveau directeur éditorial de Casterman. Mais revenons aux livres ! Le Sourire de Rose est l’histoire d’une rencontre, celle entre Desmond, jeune papa divorcé du petit Théo, en passe de rater sa vie, et Rose, une jolie fille qui ne peut s’empêcher de jouer avec le feu. Au contact de Rose, Desmond se sent renaître, mais le piment apporté dans sa vie par la jeune fille ne va pas s’avérer aussi digeste que cela, surtout lorsque son fils se retrouve en danger… On a déjà pu découvrir le trait souple et les très belles couleurs aquarelles du dessinateur suisse dans ses parutions à L’Employé du moi dont il est l’un des fondateurs (Bouture, Rubiah). On l’a lu également dans la série de Thomas Cadène, Les Autre Gens, ou encore dans son album La Fille de l’eau paru chez Dargaud. Ces récits touchants déploient un quotidien pâle qui soudain flirte avec l’étrange et acquiert ainsi une tout autre dimension. Le Sourire de Rose n’échappe pas à cette règle. Dans ce one shot haletant, Sacha Goerg a su admirablement mêler la délicatesse du récit de vie à la tension inhérente d’un bon polar. Dans Iba, Pierre Maurel, à l’instar de Sacha Goerg, part d’une situation de vie banale. Élise, une jeune femme ordinaire ne parvient pas à assumer sa dernière rupture sentimentale. Cependant, ce chagrin d’amour n’est pas la seule raison de ses difficultés psychologiques. En effet, depuis l’enfance, elle vit en permanence accompagnée d’une fille blonde, Iba, qui va grandir avec elle. Rien ne serait vraiment anormal, si Iba n’était affublée d’inquiétants yeux vides et si Élise n’était pas la seule à pouvoir la voir… Tout comme Sacha Goerg, les lecteurs des livres de l’Employé du moi ont déjà eu le loisir de découvrir Pierre Maurel avec Michel ou 3 déclinaisons. Plus récemment, on a pu le lire dans la collection « Bayou » de Gallimard avec Post-Mortem, un inquiétant récit de survie post-apocalyptique où l’auteur français s’emparait des histoires de maladies et de mutations chères au cinéma horrifique pour les replacer dans un contexte plus intimiste. Dans Iba, Pierre Maurel s’empare également – avec succès – d’un sujet rebattu par les réalisateurs de films d’horreur, celui de la folie et de la possession. Il parvient en effet à instiller, en plus d’un suspense redoutable, un questionnement constant sur la santé mentale de la jeune fille. Son dessin en noir et blanc, qui n’est pas sans rappeler les meilleurs comics indépendants américains, contribue par sa simplicité à maintenir ce doute angoissant : est-ce réel ? Bref, Pierre Maurel nous livre ici un thriller fantastique tout en finesse, qui ne se prive pas de troubler son lecteur. Bousculer les habitudes de lecture des amateurs de bande dessinée, c’était sans doute un des objectifs premiers de la revue en ligne Professeur Cyclope. Gageons qu’avec la parution de ces deux premiers albums, la collection papier saura gagner un lectorat aussi curieux qu’exigeant !